Pour le moment, le rôle possible dévolu à cette journée mondiale de l’IPv6, annoncé pour le 8 Juin 2011, échappe quelque peu à Madame Michu. "Un coup de publicité pour nous faire peur !", conclura-t-elle, si d’aventure quelqu’un lui pose la question !
Il est vrai qu’une journée est bien courte pour un réseau mondial dont les pointes de trafic ne s’étalent probablement que sur deux à trois heures par jour pour chacune des liaisons établies sur chacun des fuseaux horaires ! Ce qui est important, c’est que cette journée d’essais ait été préparée avec soin. Google (qui a travaillé pendant trois ans sur le sujet) peut se permettre aujourd’hui de proposer des services 100 % IPv6 pour le mois de Juin, avec repêchage probable du trafic IPv4 parvenant jusqu’à lui. Et ce ne sera qu’une journée d’essais, proclament les supporters de Google, dont FaceBook, Yahoo !, Akamai et Limelight Networks, une journée qui n’a pour but que de stimuler le passage au nouvel adressage pour tous les industriels et pour tous les acteurs de l’Internet, fournisseurs d’applications et de services et exploitants de réseau fixes et mobiles.
Pourtant, il est possible que Madame Michu soit concernée par cette mutation de la Toile, du fait d’une suite de petits incidents répétés qu’elle devra signaler à son fournisseur d’accès. Certaines de ses applications Internet pourraient en effet ne pas fonctionner sur certains axes de distribution du réseau. Un jour ou l’autre, son FAI pourrait aussi lui faire savoir que le logiciel de son équipement de connexion devrait être modifié et qu’en conséquence une interruption de service ou un changement d’équipement doit être programmé. A cette occasion, son FAI ne manquera pas de lui signaler que ces opérations lui seront profitables, puisqu’elles lui permettront d’ouvrir, à son domicile, de nouvelles applications porteuses d’avenir sur un sous réseau personnel au prix de quelques euros mensuels supplémentaires peut-être.
Mais que pourrait apporter le sous réseau en IPv6, créé au domicile de Madame Michu, sans que celle-ci ait à entrer dans la programmation de cet écheveau de connexions potentielles, créées du jour au lendemain à partir de la mise à hauteur de son réseau de distribution ? Aujourd’hui, ces offres ne sont pas encore annoncées, mais il est possible d’imaginer qu’à partir de liaisons Bluetooth ou autres, l’équipement de raccordement du FAI puisse fonctionner comme une Femtocellule qui attribuerait et mémoriserait les adresses des petits terminaux ou gadgets électroniques placés dans son rayon d’action. A partir de cette hypothèse, on peut supposer que le passage du facteur ou du livreur de produits surgelés au domicile de Madame Michu pourrait déclancher aussitôt un signal de contrôle dans les centres respectifs de gestion de ces services. Le téléphone portable de son petit fils transmettra automatiquement un message d’arrivée à ses parents dès qu’il sera dans le champ du sous réseau. De la même façon, le téléviseur (exploité en protocole IP, évidemment !) pourra communiquer avec Internet (et réciproquement), de sorte que Madame Michu pourra bénéficier des douceurs de la "TV4All" (lire : "télévision pour tous"), avec un choix de huit langues, de façon quasi simultanée en "captionning", via Skype sur Internet, ou en audio description ou en sous titrage sur terminal d’appoint, etc. Les coûts des fonctions supplémentaires proposées par les programmes de télévision pourront être acquittés à l’instant même, à l’aide d’un système NFC installé sur la télécommande du téléviseur. Etc., etc.
Nous n’avons parlé jusqu’ici que de Madame Michu. Mais la technologie IPv6 est également capable de rendre service à Monsieur Michu, dans son atelier de bricolage, dans son jardin, dans sa voiture, dans ses sorties, etc. L’adressage IPv6 ouvre des facilités fabuleuses en entreprise et en bureautique, et le marché résidentiel constitue un vaste champ de développement de services et d’applications au premier rang desquels figureront certainement des services de télémédecine et d’aides aux personnes dépendantes et aux handicapés.
Un avenir plein de fantastique et de magie est sur le point d’éclore. Mais, cette vision suppose que les deux protocoles IPv4 et IPv6 parviennent à coexister pour tous les Internautes et pour tous les logiciels mis sur le marché pour les diverses applications crées par les industriels du monde entier. Il est donc nécessaire que Madame Michu interroge son fournisseur d’accès sur les projets de mise en œuvre de IPv6 de celui-ci dans son quartier. Au besoin, elle peut de temps à autre faire l’essai depuis son terminal (http://test-ipv6.com/) sans attendre le 8 juin 2011. Chiche ? http://www.internetsociety.org/worldipv6day/ http://www.g6.asso.fr/tff/index.php/Pourquoi_IPv6_%3F
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