M. Jean-Michel MUR, consultant-formateur en Technologies de l’Information et de la Communication, et expert auprès de l’Union Européenne, est également Président du Club Optique. Cette Association française regroupe près de 80 entreprises de la filière des réseaux haut et très haut débit en fibre optique. JM Mur a accepté de nous fournir ici un résumé des dernières technologies du haut débit sur fibre à partir des récents salons et expositions professionnels.
ECOC 2011 (Palexpo à Genève, du 18 au 21 Septembre 2011)
ECOC est la plus importante conférence – exposition organisée en Europe sur l’optique et les réseaux. 1 200 experts et les 5 000 visiteurs présents ont pu assister à l’une des 230 conférences scientifiques ou visiter les 120 présentations relatives aux transmissions optiques en longues distances en 40 Gbit/s ou en 100 Gbit/s Ethernet, aux interconnexions, aux réseaux d’accès en haut débit avec les diverses variantes du FTTx et les évolutions des cœurs de réseaux, les nouvelles générations de multiplexeurs d’insertion-extraction de longueurs d’onde reconfigurables à distance (ROADM) et les équipements de mesures, etc. Il est à noter qu’ECOC effectue, par ses animateurs et ses participants, une synthèse mondiale. Le pavillon France a permis à une quinzaine de PME de montrer leur savoir-faire (dont 3S Photonics avec différents lasers ; APEX Technologies avec des analyseurs de spectre optique ; Keopsys avec ses lasers et amplificateurs à fibres dopées à l’erbium, ytterbium ou thulium ; Kylia avec des multiplexeurs-démultiplexeurs pour multiplexage dense en longueur d’onde (DWDM Mux/Demux) ; Photlines Technologies avec ses modulateurs au niobate de lithium ; ou encore Vectrawave présentant des circuits intégrés optiques pour les nouveaux réseaux à 100 Gbit/s (4 x 25) et 128 Gbit/s (4 x 32).
Citons quelques nouveautés : chez Anritsu un nouvel analyseur, MD1260A, pour le 40 et 100 Gigabit Ethernet ; chez Fujikura, la série 100 de soudeuses par fusion de fibres optiques et un nouvel interface avec l’utilisateur pour le réflectomètre optique Noyes M200 ; GigOptix présentait un émetteur-récepteur SFP+ à 10 Gbit/s ; Ixia a annoncé la commercialisation de nouvelles interfaces de test Xcellon-Lava pour Ethernet à haut débit (HSE – High Speed Ethernet) ; NeoPhotnics confirme l’évolution obligatoire vers les PIC – photonic integrated circuit – pour les réseaux optiques à très haut débit supérieurs à 10 Gbit/s. La fibre optique plastique était également présente pour diverses applications dont les réseaux optiques pour l’entreprise ainsi que ceux dans l’habitat pour la télévision par Internet (IP-TV) en point à point ou plusieurs pièces avec commutateur, routeur et convertisseurs de médias. La 38e édition ECOC est prévue du 16 au 20 Septembre 2012 à Amsterdam.
Odébit 2011
La sixième édition de Odébit, rendez-vous de la rentrée pour tous ceux qui s’intéressent au haut débit pour les collectivités territoriales et les entreprises, était organisé autour de trois événements : une exposition, un programme de conférences et la troisième édition du "Fiber Camp Européen".
1 – L’exposition a réuni une soixantaine d’acteurs. Certains d’entre eux œuvrent dans le déploiement des réseaux (dont le chinois Huawei), d’autres ont des activités dans la distribution, l’installation, ou l’exploitation de réseau alternative, etc. La fibre optique s’est taillée la part du lion, et le déploiement des réseaux comportait aussi des solutions radio (WiMAX et satellites).
2 - Le programme de conférences s’est diversifié autour de thèmes d’actualité, tels que l’informatique en nuage (cloud computing), l’enjeu stratégique et économique pour les collectivités territoriales ; la ville numérique ; l’e-éducation, la valorisation des usages des TIC au sein de l’enseignement ; l’intelligence apportée aux réseaux de distribution électrique (smart grid) ; ainsi que de retours d’expériences de collectivités.
3 - Le "Fiber Camp Européen" a permis de décrire l’écosystème du protocole Ethernet à travers une dizaine de conférences animées par les experts du Club optique, dont Ethernet au poste de travail (Microsens) ; Gigabit Ethernet, fédérateur de l’entreprise (ICTL liaisons optiques) ; Ethernet et les applications industrielles (Laser 2000) ; Ethernet dans les réseaux d’accès des opérateurs (Elcon Systemtechnik) ; Ethernet dans les réseaux de desserte (Infractive) ; une réalisation concrète de fibres noires (Graniou Vinci) ; Ethernet en route vers le 100 Gbit/s (ADVA Optical Networks), etc. Les travaux de recherche actuels concernant la possibilité d’un Ethernet à 300 Gbit/s ou 400 Gbit/s, voire le térabit Ethernet (TbE) ont été cités à travers les études et le développement des PIC – photonic integrated circuit.
La prochaine édition d’Odébit est programmée à Paris les 10 et 11 Octobre 2012.
BBWF 2011
L’événement mondial en haut débit est constitué par le BBFW (BroadBand World Forum) qui s’est tenu au CNIT à Paris-La Défense du 27 au 29 septembre 2011. Quatre grands domaines ont été traités : l’évolution des réseaux, la desserte des abonnés, la mise en œuvre des services et les stratégies de développement.
Pour ce qui concerne l’évolution des réseaux, les conférenciers se sont attachés à la mutation d’IPv4 vers IPv6 rendue obligatoire par les quelques 20 milliards de terminaux attendus en 2020 ; au glissement du réseau de transport vers un réseau centré sur l’informatique en nuage (cloud centricity) ; aux défis rencontrés par les exploitants de réseaux pour passer de la hiérarchie numérique synchrone (SDH) au tout IP ; et à la convergence fixe-mobile.
En desserte des abonnés, toutes les variantes des lignes numériques d’abonnés, les xDSL ont été évoquées. En France, 22 millions d’abonnés payent en moyenne 37 € par mois, soit un total de 10 milliards d’euros par an dont 2 milliards de TVA. La fibre optique jusqu’en pied d’immeuble ou jusqu’à l’abonné était aussi présente, ainsi que les picocellules et femtocellules. Les économistes ont développé les notions de coûts de ces mises en place (CapEx), et la maitrise des coûts d’exploitation (OpEx), conjuguées avec les difficultés de la gestion du trafic de données à la fois aléatoire et croissant.
Les présentations sur les stratégies de développement ont traité des réseaux à haut débit et l’évolution à long terme (LTE), les débats entre les réseaux FTTN (fiber to the node) et FTTB (fiber to the building), ou encore les divers types de réseaux optiques passifs (PON) ou PPP. Le prochain BBWF se déroulera à Amsterdam du 16 au 18 Octobre 2012.
Prochaine réunion sur les réseaux optiques : IP Convergence 2011
Ce "Salon des équipements, services et applications de communication IP" est le carrefour incontournable du secteur informatique, télécoms et réseaux. Il sera développé sur une surface de 20 000 m² accueillant plus de 300 stands d’exposants. Plus de 12 000 visiteurs y sont attendus les 18, 19 et 20 Octobre à Paris, Porte de Versailles. www.ipconvergence.fr
Panorama du FTTH en Europe
Si les pays de l’Est et du Nord de l’Europe sont en pointe, la France est à la traîne dans le déploiement de la fibre optique jusqu’à l’abonné.
Lors du BBWF 2011, le FTTH Council Europe et l’Idate ont présenté les derniers chiffres – juin 2011 – du déploiement de la fibre optique jusqu’à l’abonné soit en technologie en fibre optique FTTH (fiber to the home) soit avec la solution hybride fibre optique jusqu’en pied d’immeuble FTTB (fiber to the building), puis desserte en câble coaxial.
L’Europe des 27 (Union Européenne) comptait 4,6 millions d’abonnés en FO, alors même qu’à eux quatre, la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan dépassaient les 5,6 millions d’abonnés.
En ce qui concerne les taux de pénétration de la fibre optique par rapport au nombre d’habitations, les cinq premiers européens sont l’Ukraine (avec plus de 25 %), la Norvège, la Suède, la Slovénie et la Russie. Au niveau mondial, les trois premiers sont la Corée du Sud (plus de 55 %), le Japon et Hong Kong (plus de 40 %). La France, avec moins de 3 %, est classée à la 17e place en Europe et 24e au classement mondial. Ce petit 3 % correspond à 555 000 abonnés, dont 401 000 en FTTB et 154 000 en FTTH (source : Arcep).
Un autre résultat de l’étude concerne les acteurs du déploiement de la fibre optique. Pour 55 %, il est dû à des exploitants de nouveaux réseaux qui desservent des zones géographiques plutôt limitées, pour 33 %, aux exploitants historiques essayant d’avoir une couverture nationale et, pour 12 %, par les municipalités et autres acteurs à couverture locale. Quant aux architectures, elles se répartissent entre le FTTB à 61 % et le FTTH à 39 %. Enfin, côté typologie, Ethernet compte pour 79 % et le réseau optique passif (PON) pour 21 %.
En conclusion, compte tenu des apports intéressants en termes d’économie, d’écologie et d’évolution sociétale, les perspectives de développement du FTTH semblent prometteuses.
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