Des évolutions importantes du domaine des technologies de la communication vont bientôt apparaître sur le marché. Face à ce riche épanouissement dû aux travaux antérieurs en R&D, deux obstacles majeurs doivent être franchis : la coordination entre les acteurs du marché (fournisseurs de composants, de services et d’applications, industriels et gestionnaires de réseau) et le ralentissement de la demande lié à la crise économique. L’absence de coordination économique et de politique industrielle à l’échelle régionale laisse planer de sérieux risques d’échecs des premières expériences qui seront tentées.
Parmi la récolte récente des projets de R&D
Parce que les composants ont évolué considérablement en performances, les réseaux sont riches de potentiels de réalisations techniques en faveur des technologies de l’information et de la communication (TIC). Pour le grand public, les détails de ce potentiel sont difficiles à appréhender, car les architectures de réseau et de protocoles demandent un minimum de connaissances techniques un peu abscond au premier abord. De plus, les "nouveautés" en matière de réseaux, de terminaux et en applications sont trop nombreuses pour faire l’objet d’un résumé exhaustif. Essayons de simplifier le décor par une sélection des dynamiques les plus marquantes.
Les hauts débits
Techniquement parlant, les hauts débits peuvent maintenant être déployés dans tous les réseaux sur différents supports. La 3G poursuit son déploiement en Europe alors que les Etats-Unis ont mis la priorité sur la 4G (LTE). D’autres pays ont choisi le WiMAX. Le DSL s’accroche avec des performances proches des 200 ou 500 Mbit/s, rivalisant avec la coûteuse fibre optique. Cette dernière est associable au coaxial et au VDSL, pour une distribution jusqu’au trottoir, à l’immeuble ou au domicile et la nouvelle technologie G-PON perfectionne et diversifie encore ses offres. En gros, les hauts débits peuvent être distribuables de 2 Mbit/s à 1 Gbit/s en poste fixe. En mobilité, des hauts débits de valeurs plus raisonnables sont aussi possibles, même par satellite. Mais d’ailleurs, qu’appelle-t-on réellement "hauts débits" et qui en demande et qui veut en payer le prix réel (autre débat !) ?
Les incidences des réseaux DECT et Bluetooth à faible portée
Le système radiocellulaire DECT est en mesure d’être associé à l’IPv6. Le téléphone Snom de dernière génération DECT associe le confort de la téléphonie sans fil aux avantages et fonctionnalités de la technologie VoIP. Il permet jusqu´à 4 appels en simultané et connecte jusqu´à 9 combinés. Les normes associant le DECT et IPv6 ont été validées par l’ETSI et par le DECT Forum. Le système DECT Ultra Low Energy permet l’emploi en IPv6 d’équipements de mesures, de capteurs, d’automatisation domestique, etc. et sa gestion est possible en mobilité. http://tools.ietf.org/html/draft-mariager-6lowpan-v6over-dect-ule-00
Les protocoles Bluetooth et IPv6 sont également associables dans le cadre de connexions à caractère permanent (always-on) sous réserve de certains paramétrages et sous une portée de l’ordre d’une dizaine de mètres. Bluetooth à basse puissance, conjugué avec IPv6, est utilisable dans les techniques de réseau privé 6LowPAN.
La technologie NFC
Le télépaiement utilise les terminaux portables et les réseaux bancaires ont validé cette initiative. Pour le moment, le NFC se limite à l’usage des débits faibles et sécurisés, mais rien n’interdit une évolution de cette technique.
Les extensions du Wi-Fi
Les groupes de travail de l’IEEE 802.11 ont travaillé sans relâche afin de donner une plus grande cohérence à leurs nombreuses versions du système radioélectrique appelé "Wireless Fidelity". Cette expression évoque en fait tout une famille de moyens sans fil capables de relier à courte ou à moyenne distance des terminaux portables en débits élevés ou faibles (la relation débit/distance est inversement proportionnelle). A courte distance, les débits peuvent atteindre les 100 Mbit/s !! Le succès auprès du public des "Foneros" (réseaux publics gratuits) peut conduire à déléguer la gestion de ces réseaux à des municipalités ou à des publicitaires malins (qui sait ?). Les industriels ont bien compris que leurs nouveaux terminaux en 3 et 4G devaient intégrer l’ouverture vers des Wi-Fi gratuits.
Avec les Wi-Fi HotSpot 2.0, les exploitants pourront garder la main sur leurs abonnés sur leur réseau et éviter ainsi que des géants de la Toile comme Skype ou Microsoft, ne constituent des réseaux parallèles. La course vers les composants conçus pour la circonstance est ouverte. L’expert américain Intel vient de conclure deux accords, l’un avec Motorola Mobility (en cours de rachat par Google), l’autre avec Lenovo, en vue d’incorporer ses processeurs dans leurs téléphones mobiles. Motorola Mobility effectue des essais de téléphones fonctionnant avec les puces d’Intel. De son côté, NTT DoCoMo négocie avec Fujitsu, NEC, Panasonic et Samsung pour la création d’une société commune "Communication Platform Planning Co" pour la conception de circuits pour la téléphonie mobile 4G LTE, indépendante du marché américain. Un secteur à surveiller !
Que devient IPv6 ?
Dans l’ensemble de l’avancement des nouveaux protocoles de réseau, IPv6 se place aussi en première ligne. IPv6, protocole d’adressage du réseau Internet doit succéder à IPv4 actuellement utilisé, parce qu’il offre un plus grand nombre d’adresses de terminaux et de machines nécessaires à l’extension de la Toile mondiale. La stratégie d’introduction d’IPv6 n’a pas été conforme aux prévisions de ses concepteurs et personne n’a cherché à imposer l’usage de cette norme, sauf, récemment, plusieurs Gouvernements qui l’ont rendu obligatoire dans les achats publics. La transition IPv4 vers IPv6 est en cours dans les réseaux et en France (soyons rassurés !), les accès entre réseaux fixes et mobiles sont prêts (cœur de réseau, équipements GGSN, SGSN, Routeurs BB, etc.).
De toute façon, la pénurie en adresses IPv4 astreint d’utiliser l’adressage IPv6 depuis avril 2011 en Asie-Pacifique, puis en juillet 2012 pour l’Europe et en 2013 et 2014 pour l’Amérique du Nord et l’Afrique et l’Amérique Latine. Les déploiements de la double pile de protocoles et du pur IPv6 sont en cours. L’essor des réseaux mobiles et des réseaux câblés (NG-PON et DOCSIS) participera probablement à l’accélération majeure de la demande en IPv6. Mais il faudra attendre des années avant l’abandon total de IPv4.
Le cas de la France
La France est présente en IPv6, notamment sur les aspects académiques (cœur de réseau académique RENATER en 1996 et 2002), ainsi que pour la rédaction d’une proposition de développement rapide du passage en IPv6 (normalisée "6rd" par l’IETF). Et des hébergeurs et fournisseurs d’accès français offrent déjà un service IPv6 : Nerim (2003), Free (2007 et 2011), French Data Network (2008), Orange Business Services (2009 et 2012), OVH et SFR (2011). L’enquête conduite par le CIGREF auprès des entreprises utilisatrices a rappelé la difficulté de justifier le déploiement d’IPv6.
Les raisons du freinage au passage en IPv6
Le protocole IPv6 apporte un champ d’adressage plus large, ce qui devrait faciliter la fluidité de trafic IP et éviter l’emploi d’équipements de traduction d’adressages (NAT). De plus, IPv6 doit permettre la création de nouvelles applications au sein de sous réseaux adressables. A titre d’exemple, le réseau de comptage Linky de ErdF, actuellement en cours de déploiement, repose totalement sur le protocole IPv6. Ce réseau est constitué de compteurs qui mesurent l’énergie consommée et qui sont installés sur la ligne électrique reliant le poste de transformation au domicile (ou au lieu de travail) du client. D’autre part, le groupe de travail Homenet de l’IETF étudie les méthodes d’implantation de sous réseaux IPv6 segmentés dans les réseaux résidentiels. http://www.ietf.org/mail-archive/web/homenet/
La transition IPv4 vers IPv6 suppose des investissements non négligeables dans les réseaux fixes. Des délais anormaux de connexion sont possibles lors de l’accès à des serveurs qui disposent à la fois d’une adresse IPv6 et d’une adresse IPv4, l’adresse IPv6 étant utilisée en priorité avant de recourir à l’adresse IPv4 après un délai déterminé. En 2011, on a constaté un certain partitionnement de l’Internet IPv6, ainsi que des impossibilités de communication en IPv4 comme en IPv6. Et l’usurpation d’adresse IP demeurera encore relativement encore facile en IPv6. La mise à hauteur des anciens équipements IPv4 peut se révéler impossible, soit du fait du constructeur, de l’équipement lui-même ou du logiciel nouveau à implanter. Le développement des nouveaux terminaux mobiles s’est effectué sans concertation préalable avec les industriels en composants, de sorte qu’un des points de blocage importants se trouve principalement dans l’absence de terminaux totalement adaptés à IPv6.
Les terminaux mobiles, le marché décisif pour IPv6 ?
Tous les terminaux de communication mobile 3G ne disposent pas encore de processeurs capables d’établir des connexions en IPv6. Il leur faudrait disposer des deux piles de protocoles (IPv4 et IPv6) et les applications devraient être exploitables dans les deux versions, sans pénaliser l’usage de la batterie des portables. Ce qui bloque également, c’est la nécessité de disposer d’une masse critique suffisante de terminaux IPv6 dans les réseaux afin de permettre aux exploitants de délivrer un vrai service commercial en IPv6. Il faut en effet être en mesure de garantir les mêmes fonctionnalités et la même qualité de service en IPv6 qu’en IPv4 afin de ne pas décevoir le nouveau public. Très probablement, les FAI et les exploitants de réseau se préparent actuellement à franchir le pas en coordination avec les fabricants de terminaux. Rien n’interdit de penser qu’un franc-tireur se lancera dans l’aventure, avec les risques que l’opération suppose. S’appuiera-t-il sur l’offre d’images animées à laquelle rêvent Google et certains réseaux sociaux ? En cette période de crise, cette offre séduira-t-elle suffisamment de clients pour être rentable (avec ou sans publicité) ?
Et la saga de la télévision numérique et de ses variantes ?
Avant que la normalisation internationale ne vienne réduire le nombre des évolutions proposées par des industriels inventifs, toute une gamme de télévisions "intelligente" ou "connectée" ou "tridimensionnelle" et à haut débit envahit aujourd’hui le Landerneau du CES de Las Vegas (mille pardons aux courageux novateurs – mais on ne sait plus où donner de son temps et de sa mémoire !). Retenons une confidence recueillie récemment auprès d’un industriel asiatique : "Maintenant que nous avons à profusion les hauts débits et une vaste gamme d’écrans et de capteurs d’images animées, la porte est ouverte à la création d’un vrai service de visiophonie en quatre fils en portabilité totale. Nous examinerons d’abord ce qui peut être le plus utile aux personnes ayant des difficultés à communiquer ou à s’exprimer, et ce marché sera ensuite ajusté au grand public au prix le plus bas possible". Boutade ou stratégie à prendre en considération ? Les faits sont là : l’assemblage des pièces de ce puzzle de technologie est envisageable. Reste à savoir si cette vision est faisable économiquement.
En conclusion
IPv6 va permettre de rentrer plus profondément dans les réseaux que ne le permettait IPv4. Les deux protocoles vont coexister. Le contenu des transactions et des données peut rester encore en IPv4, mais les accès mobiles et ceux des réseaux de distribution vont exiger l’usage de IPv6. La voie étant ouverte, le contenu suivra l’impulsion donnée. La question d’adressage des nouveaux terminaux mobiles et des accessoires raccordés aux réseaux câblés étant réglée par l’emploi de IPv6, il reste trois points dont l’étude doit être poursuivie : celui de la qualité de service avec les équipements existants, celui de la sécurité des transactions et celui de l’emploi reel des sous réseaux possibles. La télécommande de la télévision connectée pourra permettre de jongler avec les accessoires de cette dernière. Pour ce qui concerne les terminaux mobiles, la finalité de sous réseaux associés ouvre l’occasion de propositions nouvelles (peut-être la gestion des outils liées à la mobilité, à la voiture, etc.). IPv6 ouvre pour l’avenir un grand chantier de développements nombreux. https://strategiestm.com/La-Gazette-IPv6-de-Janvier-2012.html http://www.g6.asso.fr/
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