La crise financière et la perte de confiance entre les banques auront-elles un impact sur le développement des TIC ? Pour le savoir, nous avons glané et résumé pour vous les informations les plus marquantes de la quinzaine, en commençant par le monde des composants pour finir par le secteur de l’informatique et des réseaux. Le bloc note de Peter Cochrane, un ancien de BT, clôt ce rapide tour d’horizon.
L’avenir immédiat du marché des microprocesseurs
Selon l’analyse du marché des processeurs et des microcontrôleurs 32/64 bits effectuée par Semicast, la tendance des ventes demeure optimiste et proche des dix pour cent par an, malgré la crise économique mondiale actuelle. Le total des ventes passerait ainsi de 8,1 milliards de dollars en 2007, à 8,6 milliards en 2008, pour atteindre les 14,2 milliards en 2013. L’étude se base sur le fait que ce type de composants est indispensable aux infrastructures industrielles, médicales, en automatisme ou dans les télécommunications. Alors que l’électronique de loisirs et celle liée à l’équipement des ménages risquent de souffrir de la baisse du niveau de vie, les structures industrielles et commerciales sont les principaux clients des DSP et MCU (75 % du marché). L’électronique médicale est un secteur en plein développement à cause d’une population vieillissante et des grands progrès accomplis dans l’instrumentation médicale. De plus, la prise de conscience de la nécessité de réduire la consommation d’énergie conduit à renouveler les équipements. Les traitements nécessaires de l’information et la gestion des services à l’aide de cartes à puce imposent la mise en œuvre de nouveaux processeurs. De même, les nouvelles applications proposées par les exploitants de réseau (télévision sur demande, contenus enrichis sur Internet, etc.) nécessitent aussi de nouveaux équipements. Les MCU et DSP offrent donc une base relativement stable pour les spécialistes du domaine que sont Freescale, Renesas et Texas Instruments. Et pourtant (voir ci-dessous) !
L’effet "subprime" chez Bluetooth
La progression des ventes des équipements Bluetooth est réelle, mais les spécialistes économiques s’inquiètent, estimant qu’elle n’est pas suffisante. Les ventes devraient atteindre les 115 millions de dollars en 2010, contre 60 millions de dollars recensés en 2007, ce qui devrait satisfaire les investisseurs. Mais non ! Le rapport rédigé par "MGDP Consulting" rappelle que la rentabilité des investissements exigerait des ventes encore bien plus élevées, les commerciaux ayant gonflé le nombre des ventes en baissant les prix. Et le drame couve sous la cendre ! Car si, dans ces moments cruciaux, des sociétés comme BlueAnt Wireless continuent d’innover en créant des produits différenciés pour se maintenir sur un marché qui se sature, d’autres, comme Active Noise Cancellation, améliorent les performances, par exemple, sur les casques stéréo, alors que la demande faiblit du fait de la crise. La réduction des prix de vente entraîne l’ensemble du secteur sur une pente dangereuse, situation à laquelle il va falloir porter remède au cours des douze mois à venir. L’effet "subprime", sans doute, qui anticipe des gains inexistants, devrait conduire certains acteurs de ce marché à quitter les lieux. ("Alarme ! Sortez les Zeppelins !").
Consolidation dans le monde des composants
STMicroelectrics (5,1 % des ventes mondiales en semi-conducteurs pour mobiles) absorbe les activités sans fil de NXP (ex-Philips, 4,8 % du marché). ST se rapproche de Ericsson afin de répondre aux besoins du marché européen des mobiles et tenter de contrer les offensives de Texas (16,7 %) et Qualcomm (19,1 %).
NXP et Freescale souffrent. Texas Instruments, leader mondial diminue d’un tiers ses investissements en matière de circuits pour la téléphonie mobile et va réduire ses effectifs à Villeneuve-Loubet. La société coréenne Samsung Electronics, fournisseur mondial de mémoires flash NAND (mémoires non volatiles), renonce subitement à acquérir SanDisk, tout comme Gemalto doit faire face au refus de Wavecom. La consolidation est en marche en amont du monde des équipementiers. Attention dans les mois qui viennent, car la grande vague, même si certains parlent de "vague modérée", est annoncée !
Processeur à "Hexacoeur"
Le Centre d’Intel de fabrication de processeurs en Inde vient de réaliser un processeur Xeon 7400, appelé Dunnington, qui est le premier microprocesseur "6-cores" d’Intel (hexacœur). Le processeur a été également mesuré par le laboratoire Intel de Bangalore afin de s’assurer de sa compatibilité avec la plupart des systèmes informatiques existants ou futur. Ce processeur hexacœur dispose de 16 Moctets de mémoire cache partagée. Il est conçu pour des applications des environnements virtuels, les bases de données, l’intelligence économique, des plannings d’entreprises, la consolidation de serveurs, etc. Ce processeur peut gérer les environnements de serveurs complexes d’une entreprise. Le centre de Bangalore a aussi la capacité de concevoir un processeur dans la technologie des 45 nanomètres. La gamme Xeon 7400 devrait trouver son utilisation dans de nombreuses entreprises de vente, de finances, de télécommunications, banques et assurance. Et maintenant, dès que l’on parle d’applications bancaires, je dresse l’oreille ! Et vous ?
Les fournisseurs de services informatiques dans la crise
Selon une étude, réalisée par Forrester Research et intitulée "IT Service Providers Start To See Effects Of The Credit Crunch", les fournisseurs de services informatiques commencent à être concernés par la crise économique. Leurs clients reportent leurs décisions de projets et cherchent à renégocier les prix avec leurs fournisseurs. Certains ont cessé leur activité. Pour d’autres, les décisions sont reportées de 3 à 6 mois. D’autres clients encore veulent réduire le nombre de leurs fournisseurs de services. [http://www.forrester.com/go ?docid=47275]
Création d’un centre informatique en Inde
La société STV Technologies, filiale de Sonodyne Television, va créer un centre de développement des logiciels et des TIC à Haldia, dans l’état du Bengale. Le "Parc Haldia One Technoservice" sera construit sur deux hectares et sera opérationnel d’ici trois ans, et il abritera 3 000 à 5 000 emplois. Le Parc attirera également d’autres investissements d’entreprises de ce secteur. Les boutures d’informatiques "off-shore" trouveront-elles en Inde un climat propice au développement vivace de rameaux d’équipementiers prospères ?
Logiciels libres dans les mairies anglaises
La mairie de Oldham (prés de Manchester), va modifier son infrastructure informatique pour utiliser des logiciels libres. La mairie fournit la connexion Internet à toutes les écoles d’Oldham. Cette décision doit permettre de combiner les logiciels libres avec les logiciels propriétaires actuels, ce qui devrait diminuer les coûts tout en améliorant les performances opérationnelles. La société européenne Sirius Corporation a été choisie pour servir de support technique à ce déploiement de 112 raccordements Internet à 56 Mbit/s vers les écoles de Oldham. Squid sera le serveur mandataire Web, MySQL (serveur de base de données libre) et Linux sera utilisé conjointement avec WebSense, pour le filtrage et l’interdiction de l’accès aux contenus inappropriés. De nombreuses mairies britanniques ont décidé de réduire leurs coûts et de diminuer les risques associés aux technologies propriétaires en déployant des solutions en logiciels libres. Une initiative pertinente à proposer à notre Ministre du Numérique !
La crise et les TIC à Londres
Londres avait associé sa propre politique de développement des TIC avec la réussite de l’accueil des Jeux Olympiques en 2012. Mais la crise vient de mettre un sérieux grain de sable à cette brillante stratégie montée comme une horlogerie. Le Comité d’organisation des Jeux de 2008 (LOCOG) a mis le mouvement en marche, mais il constate qu’aujourd’hui des entreprises semblent freiner ce dernier du fait des difficultés apportées par la crise. Fort heureusement, une grande partie des investissements prévus provient de sponsors privés, parmi lesquels on remarque Atos Origin. Pour le solde, malheureusement, de grosses difficultés sont à craindre. Aussi, si les JO 2008 devaient être au cœur de l’innovation, chacun estime que cette innovation pourrait consister à faire autant que prévu avec moins d’argent, grâce à l’emploi des TIC les plus adaptées à des services efficaces, en particulier dans les domaines de la gestion, des transports et de l’énergie. Une idée écossaise, sans doute, et très opportune ! Très pragmatiques, ces Anglais !
Thalès acquiert nCipher
Thalès vient de procéder à l’acquisition de la société britannique nCipher, fournisseur de produits cryptographiques destinés aux entreprises et organisations et de solutions adaptées en matière de gestion des clés et des produits de cryptographie. La société nCipher dispose d’un réseau de partenaires en Grande-Bretagne, en Europe en Asie et aux Etats-Unis. La société compte parmi ses clients des organismes gouvernementaux, des institutions financières et des entreprises publiques et privées. Les compétences complémentaires des deux sociétés permettront à Thales d’élargir sa gamme de produits de chiffrement et de services professionnels. Outre son catalogue de produits et services pour la sécurité des réseaux, Thalès assure dans le secteur bancaire, la sécurité des transferts électroniques de fonds, la sécurité des données stockées et celle des transactions et opérations en ligne, associées à des solutions d’identification et d’authentification forte. [www.thalesgroup.com]
La valse hésitation de la télévision mobile personnelle (TMP)
Le projet de déploiement de la TMP en France s’est ralenti. Les chaînes autorisées à émettre en DVB-H et les exploitants de réseau mobile n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur le financement de la TMP. Le lancement commercial, prévu début 2009, risque d’être retardé, en raison de la lenteur des négociations.
Des pierres tombales pour des TIC en projet !... !
La crise a fait découvrir à ceux qui avaient les yeux fermés les subtilités des martingales bancaires portant sur des milliards d’euros "titrisés", mises en jeu sans aucun contrôle. Mais la presse américaine se plaît de surcroît à remuer le fer dans la plaie des épargnants et des contribuables en rappelant les erreurs de nos grands investisseurs industriels et de nos laboratoires de recherche. Cette revue détaillée des erreurs des Départements en technologies de l’information en 2008 fait peur, car des milliards de dollars et d’euros ont été en effet engloutis en pure perte dans des projets qui n’ont pas abouti ("2008 IT Industry Graveyard"). Ces journalistes n’épargnent personne, ni Cisco avec ses pare-feux illusoires, ni Microsoft et ses projets d’ordinateurs miracles, ni l’accord fabuleux entre Microsoft et Yahoo, ni le logiciel de recherche "Chrome" de Google, etc. ! Le ton est acide, mais la lecture de ce mauvais palmarès ouvre la réflexion sur ce qui sépare le rêve technologique de la réalité des réseaux et des services. Le marché boursier est régi par le jeu des spéculateurs qui ignorent les subtilités des experts en technologie, lesquels ne se comprennent pas toujours entre eux et ignorent, très naturellement, l’histoire du futur !
La crise économique et la vente d’équipements de réseau
Parmi les indicateurs économiques que la crise pourrait atteindre, les observateurs surveillent le comportement des grands équipementiers fournisseurs de systèmes d’architecture de réseaux mondiaux que sont Nortel, Cisco et Juniper. Nortel semble souffrir puisqu’il se propose de vendre sa division spécialisée dans l’Ethernet métropolitain, dont les ventes semblent se ralentir. Cisco, qui avait annoncé, il y a plus d’un an, une diminution de ses ventes, attire tous les regards au moment où il supprime 130 de ses employés dans son usine du Texas. Mais cela ne semble pas très révélateur d’une récession réelle. Quant à Juniper, il n’existe pour le moment aucun signe particulier qui puisse être interprété comme un signal d’alarme. Restons calmes !
"Mais on a vu pire", disent les anciens !
Les deux tiers des seniors du monde de l’industrie ne sont pas tellement effrayés par les nouvelles économiques récentes, même si autour d’eux sont annoncées des restructurations d’entreprise et des suppressions d’emploi. Les investissements se trouvent réduits d’un quart en moyenne, mais l’espoir d’un ralentissement de courte durée, suivi d’une reprise forte dès la fin de 2009 sur les projets technologiques prêts à éclore redonnent du tonus à chacun.
Malgré la crise, les dépenses mondiales en haute technologie continuent en 2008 leur progression par rapport à 2007 qui se maintient globalement entre 4,5 et 8 %, les services informatiques progressant d’environ 10 % et le marché des logiciels de 7 %, selon le Gartner Group. La télévision à haute définition et les communications en mobilité attirent la clientèle. Et Microsoft devient le numéro 1 des investisseurs en R&D avec 5,5 milliards de dollars (13,5 % de son chiffre d’affaires), devant Nokia (5,2 milliards de dollars et 10,3 % du CA).
En novembre 2007, Cisco s’attendait à un ralentissement de l’économie américaine et à une baisse des commandes relatives de la part des grandes entreprises, ce qui avait surpris tout le monde. En Août 2008, Cisco prévoyait une reprise de l’activité auprès des entreprises, augurant un taux de croissance moyen de ses ventes de 8 %. En réalité, les grandes entreprises poursuivent le rythme de leur équipement, alors que les exploitants de réseau réduisent un peu le leur. Et France Télécom progresse de 2 % au cours des deux mois à la Bourse de Paris, alors que cours d’Alcatel-Lucent plonge de 82 % sur les dernières années !
Le Professeur Peter Cochrane et la crise
Comme chacun de nous, Peter Cochrane, ancien Directeur de la R&D de BT et valeureux animateur des conférences annuelles de la FITCE (Fédération des Ingénieurs des Télécommunications de la Communauté Européenne) a été horrifié par les récentes aberrations bancaires. Certaines de ces banques ont disparu et les plus astucieuses demeurent. Dans les deux cas, leurs employés les plus honnêtes et les plus rigoureux au travail ont du accepter leur sort, sachant que la machinerie bancaire est aussi complexe dans sa structure et imprévisible dans son fonctionnement qu’un avion de ligne dans les turbulences météorologiques, constate t-il. Après le plus fort de la crise, les autorités mondiales estiment nécessaire de mettre en place des régulateurs, des experts "ceci" et des consultants "cela", régis pour les vingt années à venir par une nouvelle réglementation aussi tortueuse que l’ancienne. De sorte qu’un peu de façon cyclique, un nouveau drame mondial surviendra ! La mise en place, après simulation optimisée, d’un système bancaire mondial dont la gestion informatique aurait prouvé sa justesse et son efficacité, ne permettrait que la gestion de l’économie dans le présent. L’évolution de l’économie mondiale est par essence de type chaotique et imprévisible. De sorte que des pertes monétaires énormes apparaissent de façon cyclique pour le bénéfice d’un petit nombre de spécialistes et pour le malheur d’un grand nombre de contribuables et de chômeurs. Nos systèmes experts conçus par nos informaticiens sont encore incapables de nous aider sur ce point. Curieusement, le propos de P. Cochrane est assez proche de la déclaration récente de notre Ministre du Numérique Eric Besson qui a dit : "C’est aussi parce que l’Etat se veut stratège qu’il entend donner un coup d’accélérateur dans l’économie de demain : l’économie numérique". Peter Cochrane a été le premier Professeur en "Understanding of Science and Technology" au Royaume-Uni. [www.cochrane.org.uk]
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