Placer sous leur vrai jour les technologies de l’information et de la communication (TIC), c’est participer à la nécessaire désacralisation des TIC. Commençons cet éclairage par le point de vue des politiques avant d’aborder le thème des industriels et des exploitants qui ont déjà ouvert ensemble la stratégie de la fuite en avant.
Les TIC et le monde politique
Plusieurs gouvernements ont exprimé récemment l’espoir de pouvoir utiliser les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour sortir de la crise économique. En chiffres, les TIC ont participé dynamiquement à l’expansion économique. Réciproquement, estiment les esprits cartésiens, un développement des TIC devrait entraîner comme par magie, un progrès technique et une accélération des ventes. Eric Besson, qui vient de passer le relais de son programme de "la France numérique" à sa remplaçante, avait soutenu avec conviction le concept d’un très haut débit salvateur, associé néanmoins à 124 projets complémentaires. Mais que peut-on faire pour le haut débit avec seulement 6 milliards d’euros (à comparer aux 819 milliards de dollars des Etats-Unis) ? Récemment, le Parlement britannique a entendu sans sourciller le plaidoyer ministériel en faveur du développement des TIC, "barrage contre la pauvreté et aiguillon pour le plein emploi" dans un pays qui fut autrefois (selon ce ministre) "l’inventeur du GSM". Les TIC, a déclaré Gordon Brown, "doivent relancer l économie, comme le firent autrefois avec succès les infrastructures routières et le chemin de fer." Puis, le Royaume-Uni a abandonné le principe d’une subvention pour le financement du haut débit au profit d’une initiative en faveur de ceux qui sont prêt à payer des mensualités régulières pendant plusieurs années.
Près de 40 % des foyers du Japon et de la Corée disposent du très haut débit et cela n’a pas fait décoller massivement la croissance. La revue "The Economist" remarque à ce sujet qu’en général, les subventions (cautère sur une jambe de bois) faussent la concurrence et "dérèglent la réglementation". Un jugement d’experts !
Les TIC peuvent elles résoudre la crise économique ?
Les différents gouvernements des Etats-Unis ont toujours disposé d’un gourou de la technologie qui a l’oreille du Président. Conseiller scientifique réel ou bien porte parole d’un grand industriel ? Ce technologue a du mal à trouver sa place et à se faire entendre, note la revue américaine "Science". Le développement scientifique ne fait pas bon ménage avec la politique, d’abord. La recherche scientifique est avant tout une démarche qui concerne le long terme et qui demande un aménagement spécifique des structures, ce dernier point ne faisant en général pas partie des priorités politiques.
Aujourd’hui, Google, qui a beaucoup soutenu Obama pendant sa campagne électorale et qui a donc les faveurs du Président, rappelle le quotidien californien "Los Angeles Time", doit faire face à l’influence de Microsoft, troisième contributeur à cette même campagne électorale, qui lui aussi, "est capable d’attirer l’attention de beaucoup de monde sur des sujets qui, sans eux, n’intéresseraient personne". Si les TIC parviennent au niveau des politiques, c’est donc le fait des groupes de pression partiaux, et non pas suite à un raisonnement pragmatique ayant pour objectif la réduction de la crise économique.
Chez les industriels en composants
La chute des ventes des terminaux portables a fait trembler les fournisseurs traditionnels de composants. Dans ce secteur d’activité, les investissements sont très lourds et tout ralentissement des ventes, si léger soit-il, met en jeu l’équilibre financier des acteurs industriels. Chacun des fondeurs et graveurs en silicium s’est spécialisé, mais la réalisation d’un équipement nécessite des composants assurant des fonctions bien spécialisées, ce qui fait que chaque spécialiste en composants s’inquiète lorsqu’un des secteurs de l’électronique est touché.
Intel, comme AMD, procède à des licenciements. Intel, qui détient 76 % du marché mondial des équipements pour ordinateur, va fermer cinq usines déclarées obsolètes. IBM enregistre un chiffre d’affaires de 103,6 milliards de dollars pour 2008, en hausse de 5 % par rapport à 2007. Son activité dans le domaine des ordinateurs se réduit à 9 % de son chiffre d’affaires et IBM se transforme en une SSII. Microsoft, dont le chiffre d’affaire décline, licencie pour la première fois !
Du côté des industriels
Motorola souffre et, sa part dans le marché des portables s’étant réduite de 12 %, il est obligé de se séparer de 4 000 de ses employés. Motorola espère pouvoir s’orienter vers les terminaux portables de haut de gamme et de gamme moyenne.
Nokia perd 3 % de part de marché et s’attend à une baisse de 10 % des ventes. La riposte annoncée s’orienterait vers le développement de nouveaux modèles de terminaux portables, dont une série équipée d’écran tactile et de carte mémoire de 8 Goctets.
Sony Ericsson se maintient en téléphonie mobile en Amériquedu Nord et en Asie, mais il recule en Europe. Près de 5 000 emplois seront supprimés et l’industriel va accélérer la mise en œuvre de la 4G.
Apple sourit, car il a gagné son pari industriel avec l’iPhone (13,7 millions d’unités vendues). Son chiffre d’affaires est en hausse.
Et les Exploitants de réseau ?
Les exploitants de réseau vont probablement diminuer le niveau de leurs investissements, ce que les équipementiers ont parfaitement deviné en annonçant des réductions d’effectifs. Face à la crise, les marchés nationaux résistent différemment. Vodafone qui a subit des pertes en Espagne et en Turquie, se maintient dans les pays en développement (Egypte et Inde) et il améliore ses positions au Royaume-Uni, en Italie et en Allemagne. Chacun des exploitants comprend bien que la zone euro réagit mieux que la zone "non euros", hélas ! Chacun d’entre eux, également voudrait goûter aux nouveaux marchés annoncés (la 3G+, la 4G, les jeux en ligne, le jeu vidéo, etc.). Mais la réglementation pour les jeux en ligne est-elle prête sur le plan international ? Au niveau du gouvernement français, la solution est trouvée : pas de surprise, les jeux en ligne seront taxés !
La télévision mobile française sera allégée, c’est-à-dire qu’elle sera mise en place dans quelques villes seulement afin de tester le marché et de définir les paramètres de la chaîne de valeurs. Le commerce en ligne se développe et dépasse les 20 milliards d’euros en 2008. KPMG estime que cette croissance se maintiendra au niveau de 25 % par an. Le nombre de site marchands atteint 48 500 pour 22 millions de clients (sur un total de 33 millions d’Internautes). Malgré des risques qui, heureusement, se réduisent, les acheteurs font confiance à la vente en ligne, principalement pour le tourisme et pour des montants moyens de l’ordre de 87 euros.
En conclusion
Comme les hirondelles, les TIC ne font pas le printemps ! Il en faudrait plus pour qu’elles stimulent l’économie. A titre d’exemple, les difficultés financières du très haut débit dans les Hauts de Seine inquiètent. Comme la technologie évolue avec son public et ceci de façon très rapide, il serait bon d’aider les sites français de la Toile à mieux organiser leurs pages afin de raccourcir les temps d’attente. Mais, l’information en ligne ne demanderait-elle pas d’abord de mettre ces pages à jour le plus souvent possible ? Et de rester en contact avec les clients ? Les déboires de ceux qui se sont lancés très tôt dans le secteur de la vente en ligne viennent sans doute du laxisme de leur organisation. Les TIC peuvent aider l’économie sans doute, mais à la condition d’en surveiller attentivement la gestion et de prendre les mesures nécessaires en temps utile.
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