L’exploitation des satellites de télécommunications civiles suppose la spécialisation d’industriels pour la réalisation des équipements électroniques (§I), la disponibilité de lanceurs (§II), d’exploitants de réseaux satellitaires (§III) et la commercialisation de ces services (§IV). La conjonction de ces quatre activités dans un même pays pour des satellites orientés vers les usages civils est rare. Le plus souvent, des programmes militaires et scientifiques conjoints ou des associations entre pays différents permettent la réalisation et l’équilibre financier des activités civiles.
Le domaine des satellites en 2006
La période héroïque de la conquête spatiale est illustrée en 1957 par le lancement du premier Spoutnik, et en 1964, par le lancement de Syncom par la Comsat. Après la fin de la compétition entre Est et Ouest en 1993, le monde des satellites de télécommunications a aujourd’hui considérablement changé. Le marché des segments spatiaux satellitaires s’est notablement réduit à la suite de l’effondrement de la bulle Internet, de la mise en service de multiples liaisons transcontinentales en fibres optiques sous marines et de la privatisation de l’ensemble des activités de ce secteur. La baisse d’activité dans le transit des média internationaux a remodelé les projets. La technologie permet des satellites plus lourds, plus puissants et moins coûteux et favorise en même temps les lancements multiples. De nouvelles bandes de fréquences ont été mises en service (Ku, Ka, XM). Les services numériques apparaissent sur toutes les liaisons. La concurrence et les concentrations ont remodelé les structures relatives aux constructions de satellites, aux lanceurs et à l’exploitation des systèmes satellitaires.
Le chiffre d’affaires mondial de l’activité satellitaire en 2003 s’est élevé à 91 milliards de dollars répartis pour 25 % en équipements au sol, 4 % pour les opérations de lancement, 10 % pour la réalisation industrielle des satellites et 61 % pour les services eux-mêmes. Si ce chiffre d’affaires a presque triplé entre 1996 et 2003, la part dévolue à la réalisation s’est réduite de moitié et celle des services a progressée de 50 %. On estime que le chiffre d’affaires de l’activité commerciale satellitaire a atteint les 100 milliards de dollars (853 millions €) en 2005. Ces quelques pages, qui ne prétendent pas à l’exhaustivité, ne constituent qu’un résumé soulignant les tendances récentes des quatre faces de cette activité.
I - PRINCIPAUX INDUSTRIELS DU SATELLITE
La construction de satellites se concentre sur les satellites géostationnaires. Elle répond d’abord aux besoins des renouvellements des flottes en service (avec une périodicité de 15 ans environ). La libéralisation du marché a conduit les lanceurs à s’unir aux industriels des satellites afin de mettre en œuvre des solutions moins coûteuses globalement.
1.1 - Alcatel Space
Alcatel Space est une filiale du groupe Alcatel. La combinaison d’un ensemble d’équipements mis au point par Alcatel permet à ses clients une variété de solutions de communications. Alcatel Space est un des fournisseurs mondiaux en technologie satellitaire à des fins civiles, militaires ou à vocation scientifique. L’accord conclu entre Alcatel Space et Alenia Spazio permet à Alcatel Alenia Space d’afficher pour 2004 un chiffre d’affaires de 1,8 milliards d’euros, ce qui permet à celle-ci de se placer au troisième rang dans le monde, derrière Boeing Space Systems et Lockheed Martin. Outre les 64 satellites de Globalstar, Alcatel Space a construit 40 satellites géostationnaires et en prépare 12 autres. Alcatel Space combine les alliances entre constructeurs et industriels et est alliée à Loral Global Alliance. Alcatel et Astrium travaillent sur un projet de satellite à forte puissance appelé "Alphabus". Alcatel Space, qui s’est alliée avec Finmeccanica en juin 2004 pour répondre aux besoins européens, pourrait rejoindre EADS Astrium.
1.2 - Alenia Spazio
Alenia Spazio est une filiale de la société italienne Finmeccanica qui regroupe 2 400 techniciens dans ses laboratoires. Elle est spécialisée en télécommunications spatiales en applications scientifiques et systèmes de navigation. Elle a contribué à la fabrication de plus de 200 satellites et elle participe aux programmes nationaux italiens et européens (station spatiale internationale, Galileo, etc.).
1.3 - EADS Astrium
Astrium est une société spatiale européenne qui est détenue à 75% par EADS et à 25% par BAE Systems. En 2000, Astrium a réalisé un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros dans les secteurs de la science et de l’observation de la Terre, des communications et observations militaires, de la navigation et systèmes au sol, des lanceurs et infrastructures spatiales avec un effectif total de 7 500 personnes.
EADS Espace est une filiale de EADS (European Aeronautic Defense and Space Company), laquelle résulte de la fusion des activités spatiales de Matra, Dasa (Allemagne) et Casa (Italie). EADS dispose d’une triple compétence en matière d’industrie spatiale, de transport spatial et de services par satellite. EADS a réalisé le satellite Eurostar-3000 qui est utilisé par Eutelsat, Inmarsat et Intelsat. EADS participe à la construction des 30 nouvelles fusées Ariane 5. Environ 95 % du budget d’EADS est lié à Airbus.
1.4 - United Launch Alliance (ULA)
La coordination des activités des sociétés Boeing Delta et Lockheed Martin Atlas en ce qui concerne la production, les études, les essais et les lancements de satellite, est depuis juin 2005, assurée par une société à participation partagée à 50-50 % établie sous le nom de "United Launch Alliance".
Boeing Satellite Systems (BSS) à El Segundo, Californie, a été le plus grand fabricant de satellites au monde. Cette société était impliquée dans les communications par satellite depuis 1959. Elle a développé la première communication par satellite (satellites Syncom 1959 - 1963). Boeing offrait, par voie satellitaire, des communications vocales, de données et de vidéo pour les besoins civils et militaires. Cette dernière activité (IDS, integrated defense systems) représentait un chiffre d’affaires annuel de 25 milliards de dollars incluant les fournitures civiles et militaires pour les équipements satellitaires et les lanceurs.
Depuis 1963, Boeing Satellite Systems a construit 210 satellites (soit 40 % du parc total mondial), dont 21 à usages scientifiques ou météorologiques et 23 pour des objectifs gouvernementaux américains (soit 166 pour les communications civiles en bande C, Ku et Ka (dont pour cette bande, DirectTV 10 et 11), dont 62 sont encore en orbite. Boeing a racheté la société Hughes (HNS).
Lockheed Martin est, depuis 45 ans, un intégrateur mondial de grande taille du domaine aéronautique, électronique, de l’information et de l’espace, qui est surtout spécialisé dans le domaine militaire. En 2004, son chiffre d’affaires a été de 36 milliards de dollars, dont 62 % pour les budgets de la défense, 20 % pour le civil et la sécurité et 18 % pour l’international. Il emploie 130 000 employés dans le monde. Lockheed Martin construit des lanceurs et des satellites de communications pour la sécurité nationale, les services météorologiques et les services civils de diffusion. En 2003, Lockheed Martin a réalisé l’ensemble de la constellation Astrolink à large bande en Ka, avec 9 satellites géostationnaires sur 5 positions orbitales.
1.5 - Space System / Loral (SS/L)
Le groupe industriel Loral Space & Communications possède et exploite un ensemble de satellites associés à un réseau mondial de communications qui est utilisé pour la diffusion télévisuelle, pour les applications Internet et pour les besoins civils et militaires. La filiale Space Systems/Loral fabrique les divers équipements de communications nécessaires sur les plans civils et militaires ainsi que les satellites pour les services fixes.
Le groupe industriel Loral a mis en place en 1998 sa filiale Loral Skynet qui gère et exploite les services par satellite GEOs. La clientèle loue la capacité de transmission dont elle a besoin, soit pour la télévision directe ou par réseau câblé, pour les événements sportifs ou politiques, soit pour l’accès à Internet, soit encore pour les besoins des réseaux VSAT, l’enseignement à distance, etc. L’interconnexion entre les satellites et les ressources terrestres permet de répondre à des besoins très divers. SS/L (Space Systems/Loral) fabrique des satellites de puissances comprises entre 9 à 20 kW et dont le nombre d’amplificateurs peut atteindre 150 par satellite, pour des sociétés telles que Intelsat, DirectTV, EchoStar, PanAmSat, etc. SS/L possède, avec des sociétés espagnoles, des participations dans XTAR.
1.7 - Thales
Depuis près d’un siècle, la société française Thales est orientée vers l’électronique civile et militaire (aérospatial, Défense et sécurité). Représentée dans 30 pays et réunissant 60 000 employés, le groupe Thales a collecté un chiffre d’affaires de 10,3 milliards d’euros en 2004. Sa division, Thales Broadcast & Multimedia, est un fournisseur global de nouvelles technologies. Elle produit en Europe et en Amérique des équipements MPEG, DVB, et ATSC.
1.8 - Résumé des industriels du satellite
La demande en capacité satellitaire est moins forte que dans le passé et les satellites en orbite basse (LEOs) ont essuyé un échec commercial. Le marché global a diminué de 19 % en 2003, sauf aux Etats-Unis. Au lieu d’une vingtaine à la fin des années 1990, les commandes de satellites géostationnaires se sont réduites (5 en 2001, 15 en 2002, 9 en 2003, 5 en 2004 et 6 en 2005). L’Allemagne s’est spécialisée dans la construction de satellites de communication de petite taille (maximum de 300 kg et puissance de 3 kW). Ce marché n’est pour l’instant occupé que par les Etats-Unis et par la Chine et l’Inde, ce qui représente un défi nouveau pour l’Europe.
Les répéteurs des satellites GEOs commerciaux en exploitation en 2005 ont été fabriqués par Alcatel (16,7 %), Boeing (16,7 %), EADS Astrium (8,3 %), NPO PM (16,7 %), Orbital (8,6 %) et SS/L (33,3 %). On notera qu’un répéteur de satellite peut générer 1,3 millions de chiffres d’affaire par an.
II - PRINCIPAUX LANCEURS
Trois grandes sociétés, Arianespace, Boeing (voir 1.4) et ILS participent à cette activité.
2.1 - ArianeSpace
ArianeSpace résulte du groupement de 44 entreprises européennes. La participation des actionnaires est de 26 % pour la France, de 18,5 % pour l’Allemagne, de 9,3 % pour l’Italie, de 3.2 % pour la Belgique, etc. Ariane Space assure la production et la commercialisation du lanceur Ariane 5. Elle est un partenaire commercial récent de Starsem pour les lancements du lanceur Soyuz. Près de 50 % des satellites géostationnaires actuellement en service ont été mis en place par ArianeSpace et le programme des lancements envisage 250 nouveaux satellites. La panoplie d’ArianeSpace comprend la fusée Ariane 5 pour les satellites lourds (de l’ordre de 6,5 à 10 tonnes), le lanceur Soyuz pour les satellites de 4 à 5,5 tonnes en orbite basse (qui devraient représenter 25 % du marché européen) et à partir de 2007, le lanceur Vega pour les petits et moyens satellites. Le lanceur europeen Vega peut emporter des charges utiles allant jusqu’à 1.300 kg des 2008. Le secours du lanceur Vega sera le lanceur Eurockot issu de la coopération germano-russe. Ariane 5, qui soutient la position de l’Europe dans ce marché, est en concurrence avec Delta 4 de Boeing et Atlas 5 de Lockheed-Martin. L’Europe s’assure ainsi l’indépendance par rapport aux autres nations spatiales dans des domaines tels que l’observation de la terre, la météorologie, la reconnaissance, la communication ou encore la navigation.
2.2 - United Launch Alliance
Les américains Boeing et Lockheed ont annoncé, en mai 2005, leur fusion sous le nom de "United Launch Alliance". La société ILS (International Launch Services alliance), créée en 1995 par la fusion de Lockheed et Martin Marietta jointe au partenariat ouvert dès 1993 avec la société Krunitchev (Russie), lui permet de disposer de trois catégories de lanceurs pour l’exploration de l’espace et les satellites civils et militaires : la famille des Atlas II, III et V, jusqu’à 6 tonnes, celle des lanceurs Proton M et des lanceurs Angara pour les satellites. Depuis 1957, la famille des fusées Atlas a effectué 587 vols avec succès. Les fusées Atlas sont actuellement fabriquées à Denver (Colorado). Le véhicule Proton appartient aux premiers pas de l’histoire spatiale (313 tirs depuis les années 1960 depuis la base de Baïkonour). Le groupe ILS (International Launch Services) a décidé de s’orienter vers le secteur plus rentable des lancements de satellites géostationnaires de poids compris entre 4 500 kg et 6 500 kg.
2.3 - Long March (Chine)
Le 12 Avril 2005, la fusée chinoise Long March 3B a mis en orbite le satellite Apstar VI, de la génération Spacebus 4 000 fabriqué par Alcatel Space. Ce satellite contient 38 répéteurs en bande C (pour des réceptions avec des antennes de taille réduite) et 12 répéteurs en bande Ku (pour les communications de type multimédia). Sa zone de couverture s’étend depuis l’Inde jusqu’à l’Australie et la Chine.
2.4 - Sea Launch
Sea Launch, filiale de Boeing, résultait de l’association en 1995 des partenaires techniques et contributeurs opérationnels que sont Boeing Commercial Space Company (40 %), RSC Ernergya (25 % pour la Russie), SDO Yuznove/PO Yuzmash (10 % pour l’Ukraine) et Kvaerner ASA (15 % pour la Norvège). Sea Launch était spécialisée dans les lancements de satellites lourds (4 à 6 tonnes) à prix réduit puisque les lancements effectués avec le lanceur Zenit3-SL, ont lieu, après embarquement en mer à Long Beach, Californie, sur une plateforme flottante placée dans le Pacifique à l’Equateur.
2.5 - Starsem
La société Starsem est un consortium établi entre EADS, Arianespace, Rosaviacosmos et TSKB (Russie) pour l’utilisation du lanceur Soyuz (1 695 tirs réussis à ce jour), pour des charges moyennes, à Kourou en 2006, ce qui lui autorise 35 % de poids supplémentaire.
2.6 - Eurocket
Eurocket résulte de l’association décidée en 1996 entre DaimlerChrysler Aerospace et Khrunichev pour la mise en œuvre d’un lanceur commun entre la Russie et l’Allemagne, par conversion d’un lanceur militaire en lanceur commercial sur la base de Svobodny, sur les bords de l’Amour. Après 2000, ce site a été reconverti pour le lancement des fusées Proton et Angara.
2.7 - Le marché des lanceurs en 2005
Le marché des lanceurs souffre du ralentissement des commandes en satellites civils. Quatorze contrats de lancement commerciaux ont été signés en 2003 : 7 pour ILS, 1 pour Sea Launch, 4 pour Arianespace et un pour Eurokot. Treize l’ont été en 2004. Entre dix et quinze lancements par an sont à prévoir d’ici 2013. Sont prévus au total d’ici 2013, les lancements de 58 satellites scientifiques, 24 LEOs et de 16 pour le "remote sensing". On estime que malgré les possibilités de la technologie des lanceurs, il serait préférable d’exploiter des satellites moins lourds.
Pour diminuer les coûts des lancements, il a été proposé de lancer les satellites à partir d’avions (Mig-3) ou d’utiliser des plateformes (ou aéronefs) en haute altitude (HAPS), tel que suggéré par le projet Stratellite.
Pour les charges plus lourdes, on revient aux solutions classiques pour lesquelles diverses ressources sont en concurrence. (navette américaine Colombia et Discovery).
Les coûts de lancement des satellites augmentent. En effet, à cause de la surcapacité des satellites commerciaux en service et malgré la réduction progressive du nombre de lancements, les exploitants de satellite peinent à freiner le dynamisme des lanceurs, lesquels ont dimensionné leurs activités industrielles pour répondre à une demande qui n’a plus la vigueur d’autrefois. Le nombre de satellites en service au cours des dix prochaines années augmentera légèrement, alors que le nombre de lancements annuels se réduira du fait des missions à charges multiples. Plus de 800 satellites seront fabriqués entre 2006 et 2015 et on estime que 682 lanceurs leurs seront nécessaires. En résumé, il vaudra mieux retenir sa place assez tôt si l’on souhaite être servi à temps et les prix des lancements continueront à augmenter. Près des trois quarts des lancements (78 %) sont assurés par des spécialistes européens, américains, ukrainiens et russes. Les lanceurs chinois, indiens et japonais sont principalement utilisés pour des satellites domestiques. La consolidation du marché des lanceurs de satellites s’inscrit dans un contexte de concurrence croissante des pays offrant ce type de services à moindre coût (Kazakhstan, Chine).
III - EXPLOITANTS DE SATELLITE
En 2004, 63 % de la capacité des satellites était entre les mains des cinq acteurs suivants : Intelsat - Panamsat, SES Global, Eutelsat et New Skies Satellites. La plupart des exploitants (privés) de systèmes satellitaires ont aujourd’hui investi aussi dans les réseaux terrestres (notamment en fibre optique) de façon à offrir la meilleure qualité d’exploitation souhaitée par leurs clients. A la fin de 2005, les 19 exploitants américains de satellite détenaient 22 % de parts du marché mondial.
Les exploitants de réseaux terrestres (tels que BT Media and Broadcast, DT, etc.) ont, de leur côté, des participations dans les sociétés privées qui exploitent des systèmes satellitaires pour les mêmes raisons. L’introduction en Bourse des exploitants de satellites permet, par les cotations et le jeu des fonds d’investissements, d’accélérer la consolidation de ce domaine.
Exploitants de satellite en 2004
Exploitant
Chiffres d’affaires en 2004 (en millions de dollars)
SES Global
1 433
Intelsat
1 044
Eutelsat
936
PanAmSat
827
JSAT
413
Loral Skynet
252
New Sky Satellite
243
Telesat
224
SCC
208
Optus
159
3.1 - Astra et SES Global
SES Global est détenu à 30 % par General Electric, à 16 % par le Luxembourg et à 13 % par DT. Il est devenu, par ses acquisitions, le premier exploitant mondial de satellites. Les entités opérationnelles de SES Global sont "SES Astra" en Europe, et "SES Americom" aux États-Unis. La société SES Global détient en outre des participations d’exploitants de satellites régionaux, tels que AsiaSat en Asie, Star One et Nahuelsat en Amérique Latine, et NSAB en Europe. SES Global fournit des communications par satellite grâce à une flotte de 40 satellites (dont 18 venant d’Americom), placés sur 29 positions orbitales. Elle est actionnaire de Orbcomm, prestataire de services de transmission de données, via un réseau de 30 satellites en orbite basse (LEO), et détient des parts dans la société de technologie satellitaire ND Satcom. SES Global est en plus actionnaire et fondateur de SatLynx qui propose en Europe un ensemble de solutions bi-directionnelles à haut débit par satellite pour les entreprises, les professionnels et les collectivités.
Aujourd’hui, Astra dessert plus de 103 millions de foyers en réception directe et par le câble. La flotte satellitaire Astra, en propre, est composée de 12 satellites, transmettant plus de 1 400 chaînes de télévision et radio analogiques et numériques (dont 19 chaînes en TVHD), ainsi que des services Internet à haut débit. Les positions d’Astra pour les services en réception directe sont 19,2°, 23,5° et 28,2° Est. Astra propose également des services professionnels et des liaisons de contribution pour des diffusions vers les réseaux câblés. L’utilisation de sa capacité satellitaire est proche de 84 % (582 répéteurs en service sur 745 disponibles). Pour faire face aux nouvelles demandes, Astra fera procéder au lancement de 11 satellites d’ici à 2009, augmentant de 240 le nombre de ses répéteurs. SES Global est le premier exploitant mondial sur le plan du chiffre d’affaires avec 1,2 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2005 pour 549 répéteurs en service sur 745 disponibles.
La SES, basée au Luxembourg, a acquis successivement 50 % du suédois Nordic Satellite Company, 20% d’Embratel et New Skies Satellite (Americom) en 2005. Elle se place en Europe, en Asie et à Chypre, ce dernier site lui permettant d’ouvrir des sites aux ASP et diffuseurs de multimédias à 95 % de la population du monde.
3.2 - Intelsat
Après 37 années passées sous le régime d’organisation inter gouvernementale, Intelsat est devenue une société privée le 18 Juillet 2001. Depuis cette date, Intelsat a édifié son propre réseau de téléports et de fibres optiques autour du monde afin d’assurer une présence mondiale à ses clients répartis dans les 200 pays du monde. En mars 2004, Intelsat a fait l’acquisition de quatre satellites de son homologue Loral au-dessus de l’Atlantique. Le chiffre d’affaires de 2004 est d’un milliard de dollars et la perte enregistrée cette année là est de 38 millions de dollars. Les applications sont celles des liaisons WAN, de la téléphonie rurale, de la téléphonie mobile et de la diffusion télévisuelle (200 entreprises clientes dans 700 sites différents). Depuis 1985, la fiabilité moyenne des répéteurs est de 99,997 %, et constitue la référence de cette activité. Le quart des actions d’Intelsat demeure dans les mains de l’Etat américain. Sa baisse d’activité l’a conduit à se lancer dans la télédiffusion avec le rachat de Loral.
L’acquisition par Intelsat Ltd de la société Panamsat conduit à établir la plus grande compagnie de services fixes par satellite (FFS) du monde. Ce nouvel Intelsat gère, sur toutes les latitudes du globe, une flotte de 51 satellites (plus cinq en construction) avec un chiffre d’affaires annuel de 1.9 milliards de dollars. La fusion permet de rassembler des actions complémentaires, Intelsat disposant d’un rôle majeur sur les relations international et Panamsat étant présent sur le continent américain dans le domaine de la diffusion vidéo.
3.3 - Eutelsat
Eutelsat est issu de l’association d’administrations nationales européennes exploitantes de réseau. Eutelsat, qui a commencé sa privatisation en 2001, est aujourd’hui un exploitant privé de satellites de communication qui, grâce à ses 22 satellites et son réseau terrestre, assure une couverture sur l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie du Sud Ouest ainsi que la côte orientale de l’Amérique du Nord et du Sud. Cette infrastructure permet d’offrir des services de diffusion vidéo (90 % du trafic), des réseaux de données d’entreprise, l’accès Internet et des services mobiles.
Atlantic Bird 1 et 2, construit par Alcatel Space, placé en 8° Ouest, dispose de 26 transpondeurs en bande Ku entre 10,9 et 11,6 GHz (largeurs de bande de 36 à 72 MHz). La position orbitale des cinq satellites Hot Bird 3 à 8 (en 13° Est) permet à Eutelsat de transmettre plus de 1 200 chaînes de télévision et 600 de radio à 98 millions de foyers recevant le câble ou le satellite. HotBird 6, lancé en juin 2005, utilise les bandes Ka (4 répéteurs de 72 MHz) et Ku (16 répéteurs de 33 MHz et 12 de 36 MHz). HotBird 6 démodule les canaux Ka et Ku en DVB-RCS (Skyplex), ce qui est adapté aux besoins des petits diffuseurs et permet l’interactivité de 128 kbit/s jusqu’à 2 Mbit/s.
Eutelsat a acquis 30 % de Hispasat, ce qui ouvre les portes du marché de l’Amérique du Sud. Le taux d’utilisation de sa capacité satellitaire est de 76 % à la fin de 2005. Des services ciblés pour les entreprises (B2B), pour la pharmacie (6 000 points de vente en Europe), la télévision interactive, la desserte des têtes de réseaux câblés HFC, l’Internet à haut débit, et le multimédia constituent les marchés spécifiques d’Eutelsat.
Le chiffre d’affaires d’Eutelsat Communications pour l’année fiscale 2005-2006 a augmenté de 5.4 %, atteignant 791,1 millions d’euros. Les activités vidéo (66,8 % du chiffre d’affaires) sont en augmentation de 3,4 % par rapport à l’année passée. Le nombre de canaux de programmes de diffusion est passé de 1 712 à 2 121 en un an. Les services de données sont également en croissance et ont généré 139,2 millions d’euros de recettes. Ce sont les services à valeur ajoutée, , liés au déploiement du service D-Star pour l’accès à Internet et pour les services de Réseau Privé Virtuel, qui ont représenté la plus forte croissance (22,4 %), avec un chiffre de 29.9 millions d’euros.
3.4 - Inmarsat
Inmarsat a été le premier réseau mondial de communications mobiles par satellite s’adressant à des professionnels mobiles. Mis en service en 1982, le système Inmarsat a été d’abord orienté, par ses 84 pays membres, vers les 270 000 abonnés maritimes, par l’utilisation de quatre satellites géostationnaires et de cinq satellites de secours.
Devenue ensuite société privée britannique, Inmarsat a été rachetée en 2004 par quatre fonds d’investissement, (dont l’un est Lockheed Martin Corp, à travers son achat de Comsat Corp). Il possède aujourd’hui neuf satellites géostationnaires et revend des services à des quelques 200 acteurs ou exploitants revendeurs des secteurs maritimes, terrestres et des entreprises multinationales (VSAT). Trente cinq stations terrestres desservant 200 000 terminaux pour la voix et les données de débit inférieur ou égal à 64 kbit/s, sont connectées aux principaux réseaux mondiaux. Les touristes des croisières, les passagers des cars ferries ainsi que le personnel de ces bateaux peuvent utiliser leur portable GSM pour les services vocaux et le SMS, car des connexions par satellite VSAT jusqu’à 2 Mbit/s sont possibles sur les picocellules déployées sur les navires. Geolink fournit des liaisons par satellite sur Iridium, Eutelsat et Inmarsat. Il est probable que Inmarsat devra s’ouvrir aux liaisons de transit de la troisième génération des mobiles. Inmarsat doit renouveler ses quatre satellites, et résoudre ce problème de financement.
Le nouveau réseau satellitaire Inmarsat4 à haut débit BGAN (Broadband Global Area Network) n’est pas concurrentiel face aux réseaux terrestres et il n’est pas parfaitement adapté à l’application vocale sur Internet. Cependant, il offre l’avantage d’une vaste couverture indépendante des points d’accès, sous réserve d’être placé loin des pôles terrestres. Il est composé de trois satellites fabriqués pour 648 millions d’euros par EADS Astrium. Le premier satellite Inmarsat-4 F1, a été lancé en Mars 2005. Il couvre une grande partie de l’Afrique, de l’Europe, du Moyen-Orient, de l’Asie et de l’océan Indien. Le second satellite, en orbite géostationnaire depuis le mois de Novembre 2005, assure la couverture de l’océan Atlantique, de l’Amérique du Sud et d’une grande partie de l’océan Pacifique. Le troisième et dernier satellite est en cours de construction. Ce réseau constituera une couverture mondiale à haut débit Internet et pour la téléphonie mobile 3G, à l’intention des bureaux virtuels de la planète.
Les trois satellites disposent de 200 faisceaux à spots étroits, 19 faisceaux à spots larges et un faisceau à spot large à 432 kbit/s (réseau BGAN), exploité en IP avec des services VoIP à 4 kbit/s. Ils offrent, dès la fin de 2005, des débits de 432 kbit/s pour le e-commerce, les services multimédia, la visioconférence et la téléphonie pour le segment de marché des entreprises (B2B).
3.5 - Loral Skynet
Loral Space and Communications, sort de sa période de banqueroute et se réorganise au cours de l’année 2005. Il vise le marché de l’Amérique latine (Brésil, Mexique). Loral Skynet associe ses ressources satellitaires avec le réseau terrestre de Global Crossing’s, pour la mise en place d’un VPN IP. Le réseau doit réunir 130 British Councils à travers le monde à des débits compris entre 512 kbit/s et 2 Mbit/s.
3.6 - Autres exploitants de satellite
La Russie, qui a fortement marqué l’histoire de l’espace et des satellites, gère actuellement 160 satellites géostationnaires situés sur 60 positions orbitales et neuf fuseaux horaires. Le vaste marché des VSAT, encore peu actif, représente un potentiel concurrent aux liaisons terrestres. Un potentiel de 50 000 sites VSAT pourrait être utilisé d’ici 10 ans.
La Chine, qui exploite déjà 20 satellites, en lancera 9 nouveaux en 2006.
Hispasat exploite quatre satellites civils dont les couvertures s’étendent de l’Amérique du sud, et de l’Amérique latine à l’Europe centrale et orientale ainsi qu’à l’Espagne. De nouveaux exploitants de satellites devraient apparaître (Inde, etc.).
3.7 - Satellites LEOs
Iridium
La constellation Iridium, imaginée par Motorola, couvre l’ensemble de la planète grâce à ses 6 fois onze satellites en orbite polaire basse à 780 km d’altitude lancés entre 1997 et 1999. Iridium Satellite LLC reprend vie, avec 20 000 clients que le Département de la Défense américaine lui a apportés. Les services voix et données sont commercialisés par Geolink et des distributeurs. Iridium offre le service Push-to-Talk. Iridium a signé un accord de commercialisation avec China Spacecom pour commercialiser des services de communications vocales et de données pour les secteurs maritime, aéronautique et terrestre. Cette flotte de 66 satellites sera opérationnelle jusqu’en 2014, deux satellites étant remplacés chaque année. Les activités de données maritimes ont fourni les plus forts taux de croissance en 2005 (50% d’augmentation de revenus par rapport à 2004).
Globalstar
La constellation Globalstar comprend 52 satellites en couche basse (six satellites dans huit plans orbitaux différents, et 4 en réserve) lancés entre 1997 et 2000. Elle est en mesure de fonctionner dans 80 pays, là où les terminaux GSM ne peuvent pas être utilisés (15 % du territoire français n’est pas couvert par le GSM), mais à l’extérieur des bâtiments. Des terminaux bi-modes GSM / Globalstar sont commercialisés par Tesam. Il faudrait 250 000 abonnés pour équilibrer le budget et on n’en compte en 2006 que 204 000. Les terminaux sont coûteux et pèsent 350 grammes. Une seconde génération de terminaux devrait apparaître. Globalstar (Tesam en France) a cessé ses activités en 2004 et a été repris par un fonds américain.
L’exploitant de services de données par satellite Globalstar et son partenaire local Dacom Corp ont ouvert au printemps 2006 un service de données unidirectionnel, appelé "Simplex", qui couvre les zones Asie et Pacifique Ouest, dont la Corée, et une grande partie de la Chine et de la mer du Japon. Ce service est utilisé pour diverses applications industrielles, de logistique, de sécurité et pour l’environnement.
D’autre part, Globalstar a reçu l’autorisation de la FCC d’exploiter des services terrestres complémentaires aux Etats-Unis. Des répéteurs terrestres permettent à Globalstar de fournir des services voix et données exploitables aussi dans les zones urbaines. Les stations de base abritant ces répéteurs sont similaires, en prix et en encombrement, à celles des réseaux cellulaires et elles peuvent être installées de façon fixe ou être mobiles. Globalstar a lancé un appel d’offres en 2006 pour la réalisation de sa future constellation de satellites à débit plus élevé, car la flotte actuelle de Globalstar (40 satellites) ne devrait rester en service que jusqu’en 2010. Les premiers lancements devraient avoir lieu en 2007 pour une durée de vie des nouveaux satellites allant jusqu’en 2025.
OrbComm
La constellation OrbComm comprend 35 satellites en couche basse lancés entre 1997 et 1999. Les terminaux coûtent entre 250 et 600 dollars. OrbComm a 37 000 abonnés et en espère 400 000. Ses coûts d’exploitation et le prix de ses services sont peu élevés. Son marché est celui de la télémétrie, des messages courts pour le transport routier et aéronautique.
Autres LEOS
D’autres projets de LEOs s’intéressent au marché des hauts débits pour l’accès à Internet (Teledesic, Skybridge) après 2010.
3.8 - HAPS (altitude de 3 à 6 km)
L’aéronef PWI (Platforms Wireless International) couvre 200 km de diamètre avec 500 000 abonnés, et en espère attirer le triple par ses services en CDMA, TDMA et GSM, UMTS à 10 GHz. La société ARC, (Airborne Relay Communications) au Brésil a signé un contrat avec Americel (Brésil) pour une mise en place d’un HAP à une altitude de 5 000 mètres, la charge de télécommunications pesant 640 kg.
3.9 - Bilan des satellites en 2006
Près de 260 satellites géostationnaires, représentant près de 7 000 répéteurs pour le service fixe, sont actuellement en service. Près de 25 à 40 % de cette capacité n’est pas utilisée et cependant 50 % de la population du monde ne dispose d’aucun moyen de communication. En 2009, ces chiffres pourraient être portés à 235 satellites et 12 000 répéteurs. A l’avenir, la fabrication des satellites pourrait se limiter autour de 15 unités par an, alors que les cinq fabricants mondiaux pourraient en fabriquer 60. Il pourrait ne subsister à terme que six grands exploitants mondiaux de satellites.
La capacité réellement utilisée sur les satellites en exploitation dépend de leur position géographique et des bandes de fréquences utilisées. Pour la bande C, elle va de 38 % en Europe à 62 % en Amérique et en bande Ku, elle va de 56 % en Asie à 73 % en Amérique.
Selon les études de marché réalisées par Teal Group, entre 2006 et 2015, 176 satellites seront fabriqués et lancés, au rythme de 15 à 20 par an, dont 20 % pour la Chine et l’Inde. Selon Northern Sky Research, en 2010, le nombre de répéteurs en bande C et en bande Ku devrait atteindre 4 950 (à comparer aux 4 125 utilisés à la fin de 2004). La capacité satellitaire de canaux loués à caractère commercial devrait représenter un chiffre d’affaires de 7,3 milliards de dollars à cette date. Les besoins en bande C paraissent stables, alors que ceux de la bande Ku augmentent de l’ordre de 3 %, justifiés par l’expansion de la distribution de la vidéo, des programmes diffusés en direct et des services à haut débit.
IV - SERVICES PAR SATELLITE
Les services de communication par satellite peuvent être classés en trois catégories, ceux du FSS (9,6 G$), ceux du MSS (1,7 G$, en forte augmentation) et ceux liés à la télévision (44,7 G$, en très forte augmentation), totalisant 56 G$ en 2004 et 60 G$ en 2005. La télévision demeure le marché principal. L’interactivité en TVHD est possible et viable. La surcapacité satellitaire actuelle est disponible pour l’expansion éventuelle de l’accès à Internet et chaque acteur essaie de proposer des services innovants. Les petits exploitants souffrent beaucoup de la crise actuelle et l’UIT a enregistré une vingtaine de défaillances dans le paiement des droits d’usage des positions orbitales pour ces deux dernières années. Le principe de ces droits, d’ailleurs en forte augmentation, est de plus en plus contesté, le "juste prix à considérer" demeurant encore à être mieux défini.
4.1 - Les services du FSS
Les services fixes par satellite se divisent en services de réseau VSAT pour les entreprises (Hugues HNS et Gilat), la location de capacité des répéteurs sur abonnement ou sur réservation événementielle (pour la télévision notamment) et le "remote sensing" (géolocalisation). Le chiffre d’affaires de la téléphonie mobile par satellite devrait passer de 1 G$ en 2003 à 8,6 G$ en 2010 avec le système S-DMB.
4.1.1 - Les VSAT
Les VSAT trouvent leur emploi dans la constitution de réseaux d’entreprise et dans la mise en place de solutions d’urgence en cas de catastrophe naturelle. Les principaux acteurs sont Gilat, Viasat et HSN. Ils utilisent les ressources des satellites en service. Les réseaux d’entreprise VSAT sont situés principalement en Amérique du Nord (66 %), en Europe (13 %), en Asie 11 % et en Amérique latine (8 %).
Hughes (51 %) et Gilat (25 000 abonnés aux Etats-Unis, soit 44 %) se sont spécialisés dans le marché des VSAT (débit de données asymétriques - 400 / 128 kbit/s, par exemple - entre un grand nombre de petites stations desservant des entreprises). Wildblue Communications entend ouvrir le trafic Internet en zone rurale et vise un potentiel de 30 millions d’abonnés, drainer le trafic de 200 000 abonnés.
Gilat a annoncé récemment la poursuite de la décroissance lente de ses revenus. La base installée de son nouveau système SkyEdge a permis de dépasser néanmoins les 5 000 stations à travers le monde. L’évaluation de trafic repose sur le principe suivant : sur un parc de 2 millions d’abonnés, une demande de 5 % engendre un trafic de 100 000 communications bilatérales vers Internet qui trouve sa place sur 10 répéteurs de bande Ku.
La société Hughes Network Systems LLC a ouvert en 2006 sa nouvelle plateforme, appelée HN System, qui permet l’utilisation du protocole IP sur satellite et de la norme DVB-S2 avec codage adaptatif et modulation. Trois modèles sont disponibles, le HN7700S pour les applications d’entreprises et gouvernementales, le HN7000S réservé aux petites et moyennes entreprises et le HN7740S pour les applications vocales (VoIP) et les services à haut débit. Ils sont tous compatibles avec les normes DVB-S et DVB-S2.
4.1.2 - Diffusion en IP
Le protocole IP sur satellite est nécessaire pour les services de diffusion utilisés par les entreprises (11 % globalement, en VSAT notamment, et quelques fois plus dans les régions du monde où la fibre n’est pas disponible). Microsoft dispose de solutions pour l’accès direct en IP aux utilisateurs. Mais sur cet aspect, le trafic s’effondre lorsque la demande arrive à son maximum. Un répéteur ne peut satisfaire que 200 utilisateurs pour Internet et 2 000 si ce sont des adeptes de programmes de musique. Actuellement, 294 répéteurs sont dédiés à l’Internet (242 pour le transport et 52 pour l’accès direct). L’Internet à haut débit par satellite représente un chiffre d’affaires de 2,2 G$ en 2005 (avec 400 000 abonnés) et pourrait atteindre 4 G$ en 2010 avec un million d’abonnés. Des améliorations de la qualité de service en IP par satellite sont attendues pour la publicité en Rich media et pour l’échange de données en XML sur IP.
4.1.3 - Géolocalisation
Le GPS (Global Positioning System) est un système mondial de radionavigation qui est contrôlé par les autorités militaires américaines. Le système russe équivalent, GLONASS, n’a pas été encore totalement déployé. Les besoins de la navigation aérienne ont conduit à envisager l’amélioration des performances de ces systèmes avec WAAS (Wide Area Augmentation System) pour le GPS, avec MSAS (Multifunction Transport Satellite Augmentation) pour le Japon et EGNOS (European Geostationary Navigation Overlay System) pour l’Europe. Cette amélioration est obtenue en impliquant un nombre plus élevé de satellites et des détections depuis les équipements terrestres. EGNOS est opérationnel en 2005 et annonce les travaux préparatoires à la mise en place de Galileo, ce qui réjouira également les utilisateurs de systèmes de positionnement maritime (système SAR, Search and Rescue Service).
Le programme européen de navigation par satellite Galileo a pris le départ en 2006 en vue d’une mise en exploitation en 2010. L’ESA et la Commission européenne ont décidé des financements (développement de 1,5 milliards d’euros et déploiement de 2,1 milliards d’euros). Trente satellites seront nécessaires, dont le premier (GIOVE-A, acronyme de "Galileo In-Orbit Validation Element-A") est en place depuis Décembre 2005, le second devant être lancé avant l’été 2006. La concession de l’exploitation de Galileo a été confiée aux consortia iNavSat et Eurely.
L’Armée de l’air américaine et Boeing vont améliorer le système GPS en vue de son exploitation pendant les trente prochaines années. Les conditions du système de navigation aérienne et sa synchronisation seront prises en compte ainsi que son architecture. Le GPS 3 (Global Positioning System) sera plus résistant au brouillage, plus précis et plus disponible. La constellation GPS 3, qui doit être lancée à partir de 2013, devrait comprendre trente satellites disposés sur trois plans orbitaux, à l’image de celle retenue pour Galileo. Il est également proposé de prévoir l’interopérabilité des systèmes GPS3 et Galileo pour les applications civiles. De nombreux systèmes ont été associés au GPS pour répondre à des applications professionnelles.
4.2 - Les services du MSS
Les services mobiles par satellites comprennent les services voix et données pour les systèmes mobiles. On y trouve les activités des LEOs et les services offerts par Inmarsat.
4.3 - Les services télévisuels et associés
Sous cette rubrique, on classe ici les systèmes DBS (Direct Broadcasting Services) et DARS (Digital Audio Radio Services), la télévision directe ou indirecte, analogique ou numérique (y compris la TVHD), et la diffusion de données de type musical par exemple, en expérimentation. L’espoir des exploitants porte sur l’essor commercial de la télévision numérique en Europe, en DBS avec MPEG-4 et le DVB. Actuellement, un équipement terminal IPTV en MPEG-4 par satellite coûte huit fois plus cher qu’un équipement pour le câble, à cause des systèmes indispensables au codage et à la multidiffusion.
4.3.1 - Les trois normes de diffusion télévisuelle
L’Europe a adopté le DVB-S2-RCS (Digital Video Broadcasting - Return Channel via Satellite) associé au MPEG-2 ou à MPEG-4 AVC et cet ensemble de normes doit encore faire ses preuves sur le terrain, y compris pour ce qui concerne la voie de retour. Mais il existe aussi deux autres projets de normes, la version satellite du Data Over Cable System Interface Standard (DOCSIS), défendue par WildBlue et auquel s’intéresse HNS pour son système Directway et l’IP over Satellite (IPoS) qui a été ratifié par le TIA et l’ETSI.
4.3.2 - Télévision à péage avec enregistreur numérique
L’exploitant diffuseur britannique de programmes télévisuels à péage BSkyB annonce un total de 7,7 millions d’abonnements et espère atteindre les 8 millions à la fin de 2005. Dix pour cent seulement de ses abonnés à réception directe ont souscrit à l’offre associée de service de location d’enregistreur numérique de vidéos.
4.3.3 - Le marché de la télévision par satellite doit encore s’affirmer
France, Allemagne, Italie et Royaume-Uni représentent 30 millions de foyers, dont 22 millions ont accès au câble ou à l’ADSL. Huit millions sont connectables aux hauts débits par satellite. 18 % des foyers français reçoivent la télévision par satellite. Astra et Hot Bird que l’on peut recevoir avec la même parabole équipée de deux têtes écartées de 6°, diffusent 350 chaînes en clair en numérique (dont quinze gratuites en langue française) ainsi que des chaînes radiophoniques. Sont également gratuits des programmes en anglais. Le Central Casting consiste à produire plusieurs canaux télévisuels en un seul lieu, puis à les distribuer vers leurs réseaux privilégiés par satellite. Cette diffusion sélective permet de couvrir plusieurs continents avec la même base de programmes.
On estime que la télévision payante devrait progresser de 43 % en 2004 à 47 % en 2006. La diffusion télévisuelle par satellite devrait décroître de 34 à 17 % pendant la même période. La télévision non cryptée devrait progresser de 21 à 33 % également.
GlobeCast, spécialisé en transmission par satellite, diffuse sur ses plates-formes numériques DTH (Direct-To-Home) d’Eurobird et de Hot-Bird, des chaînes communautaires de Vectone Entertainment Network 24h/24, 7j/7. Les différents programmes sont pris en charge sur le site londonien de Vectone, puis acheminés par fibre optique jusqu’au centre d’exploitation numérique de GlobeCast à Grays Inn Road (Londres). Le signal est ensuite monté sur les plates-formes numériques Eurobird et Hot-Bird de GlobeCast. GlobeCast assure également la supervision et l’intégration des chaînes de Vectone à l’EPG (Electronic Program Guide) du bouquet numérique britannique Sky Digital.
Le CDN et le streaming devraient offrir au satellite des nouvelles opportunités. Un répéteur de satellite de 32 Mbit/s se loue 3,8 M€ par an, soit 0,32 M€ par mois. L’amortissement et les charges de gestion, pour un exploitant, supposeraient un parc de 20 000 clients payant chacun 32 € par mois pour 1,6 kbit/s chacun en moyenne. Le débit à partager entre ces abonnés ne peut correspondre qu’au multicast ou qu’au streaming.
4.4 - Services numériques interactifs (exemples)
Le développement de nouvelles normes permettent de tester des services interactifs par satellite à haut débit en Europe (Tiscalli avec Gilat, BT Openworld, Amariska, SES Astra, etc.). Tiscali ouvre l’accès bidirectionnel par satellite à Internet dans dix pays européens grâce à Satlynx. Les zones éloignées du périmètre couvert par le DSL peuvent ainsi être desservies jusqu’à 500 kbit/s.
La gamme de services de communications mobiles par satellite peut être élargie en associant satellite, GPS et GSM. Le service mobile par satellite de Thuraya combine la voix, la messagerie, le SMS, le courriel et les données à 9,6 kbit/s. De la taille d’un téléphone GSM, le terminal, de 220 g pour 14 cm, est adapté aux particuliers et aux professionnels itinérants des régions dépourvues d’infrastructures de télécommunications terrestres. Lorsque l’utilisateur est hors de portée du réseau GSM, le combiné Thuraya bascule en mode satellite. Sa carte SIM donne accès à la zone couverte par l’exploitant GSM habituel. Le mode GPS permet à l’utilisateur de repérer une position dans un rayon de 100 mètres et la communiquer par téléphone ou par SMS, ce qui peut permettre de garantir la sécurité des individus. Thuraya couvre presque un tiers de la surface du globe, depuis le sous-continent indien, l’Asie centrale, le Moyen-Orient, l’Afrique centrale et l’Europe.
4.5 - Perspectives 2006
Selon l’étude réalisée par Teal Group Forecast, entre 2006 et 2015, 176 satellites commerciaux géostationnaires seront construits et lancés dans le monde par une douzaine d’exploitants privés, représentant un marché global de 28 milliards de dollars. Une vingtaine de ces lancements devrait avoir lieu en 2008 et en 2009. La Chine et l’Inde (42 % de ce marché global envisagé) devraient rejoindre le club des exploitants américains de systèmes par satellite.
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