Les travaux des chercheurs bretons (Marsouin : Môle armoricain de recherche sur la société de l’information et des usages de l’Internet) sont présentés à l’occasion de ce séminaire annuel. Une sélection de présentations tend à montrer que les utilisateurs n’utilisent pas totalement les ressources des TIC pourtant conçues pour eux.
Pêche maritime et TIC
Annabelle Boutet et Christine Chauvin-Blottiaux ont rappelé qu’un navire, et en particulier, un bateau de pêche, n’est plus aujourd’hui coupé du monde. Les centres de surveillance et les services portuaires sont en contact avec lui en permanence. Les technologies de la communication permettent aussi à l’équipage d’être en contact avec les familles. La télémaintenance et la télémédecine sont entrées en fonction sur les navires. Pour ce qui concerne la pêche, activité industrielle probablement la plus dangereuse, la réglementation européenne a ajouté des contraintes supplémentaires en raison des règles commerciales et des quotas imposés pour sauvegarder les espèces. Les TIC interviennent dans cette activité pour améliorer la sécurité de la navigation et pour assurer la transparence de la capture et de la commercialisation des produits. Les divers entretiens effectués auprès des différents acteurs au cours de l’étude montrent qu’il subsiste encore de fortes lacunes entre les prévisions et les réalités. D’une part, les patrons pêcheurs ne disposent pas de formation suffisante pour l’usage des ressources de communication (envoi de courriels, par exemple). D’autre part, les comportements humains conduisent à un contournement des transparences de la pêche (afin de ne pas dévoiler à tous où peut se trouver le banc de poissons convoité).
Le Système d’information
Yves Chevalier a évoqué la problématique de la mise en place d’un système d’information pour le compte d’une université. Les faits quotidiens semblent aller à l’encontre de l’esprit de la Loi de modernisation des services de l’Etat. A tout vouloir gouverner d’en haut, la gestion se bloque sur le terrain. La Toile évolue plus vite que les circulaires et le Web2.0 n’a pas encore sa place dans la direction informatique. La déception semble difficile à accepter.
Le Dossier Médical Partagé
Myriam Le Goff-Pronost a présenté une double étude réalisée à partir du fonctionnement des réseaux de santé et du concept de Dossier Médical Partagé. Au sein de la gestion des hôpitaux français, existe une règle, appelée « T2A », pour « tarification à l’activité », qui rémunère les services hospitaliers selon un barème théorique. Ce système visait à établir un cadre logique de comptabilité d’une part et d’autre part à tenter d’introduire une certaine émulation entre établissements. Cette typologie, créée en 2004 pour la mise en place de financements prospectifs, a aujourd’hui des effets indésirables, notamment sur les notions d’accès des patients et sur la qualité des soins. L’analyse effectuée au cours de cette étude a mis en évidence un impact favorable dans le cadre des réseaux de santé, lequel en réalité, améliore les performances du système hospitalier. La coopération à distance permet aussi de contrecarrer les limites du système de régulation actuel qui visait à introduire des notons de concurrence.
En conclusion
Marsouin est un cadre idéal pour l’échange d’informations entre chercheurs et riche en contenus thématiques. Sans doute n’est-il pas assez connu hors des cercles universitaires.
Les trois présentations sélectionnées ici montrent que les outils créés par les TIC qui sont mis à la disposition des utilisateurs (et pourtant spécialement conçus pour ces derniers), ne répondent pas totalement à leurs profils ou à leur impératifs essentiels. Fort heureusement sans doute, les hommes savent encore contourner les règles qui leur sont imposées lorsque cela leur semble nécessaire.
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