![]() DT 06 - La fibre optique en distribution
La nécessité d’augmenter les débits des utilisateurs conduit à déployer la fibre optique dans le réseau de distribution. L’Agenda Numérique Européen envisage la mise à disposition d’ici à 2020 de débits égaux à 30 Mbit/s pour la moitié des ménages européens.
I – Réseau d’accès optique 2.4 – Nota - Les réseaux câblés HFC (voir DT N° 05), qui associent le coaxial et la fibre optique (norme DOCSIS), appartiennent à la technologie des systèmes optiques actifs (AON). III - La "fibre optique en PON La technique PON permet de réduire l’investissement en fibre, en répéteurs et en terminaux de ligne. Un coupleur passif, situé à moins de 20 km de l’OLT du Central, permet de diviser et d’agréger les flux vers un nombre d’ONT qui peut atteindre 32 ou 64 dans les techniques actuelles. La procédure de réglage (ou "ranging") permet d’affecter à tous les ONT d’une "poche d’abonnés" le même temps de retard, qui est rendu égal au plus long retard répertorié dans la poche d’abonnés considérée. Le budget optique (ou gamme d’affaiblissement optique tolérée) détermine la classe de réseau (A, B ou C, par tranches de 15 dB, à compter de 5, 10 ou 15 dB). ![]() Principe du PON : OLT : (Optical Line Termination). Equipements de ligne G-PON situés au central (Nœud de Raccordement Optique, ou NRO) ONT : (Optical Network Termination). Equipements G-PON des utilisateurs (semblables aux ONU dans la technique G-PON). Diffuseur ou diviseur passif (splitter) : coupleur passif (avec ou sans filtre) d’une fibre vers 2, 4, 8, 16, 64 ou 128 abonnés. En architecture point à multipoint, la technique en fibre optique PON permet de distribuer à tous les abonnés du secteur géographique considéré un flux descendant sur une longueur d’onde et de faire remonter vers le réseau les flux des abonnés sur une autre longueur d’onde. L’allocation dynamique du trafic (Dynamic Bandwith Allocation) transmis en rafales (bursty traffic) est une caractéristique des PON exploités en point à multipoint. Au central et chez l’abonné, ce sont des équipements réglables et bon marché qui ajustent les longueurs d’onde d’émission et de réception des signaux. Les flux montant et descendant de chaque OLT situés au Central sont asymétriques. Ils exploitent des longueurs d’onde différentes (1 500 nm pour le flux descendant et 1 310 nm pour le flux montant) d’une même fibre (deux fibres différentes peuvent aussi être utilisées). Dans le sens descendant, les paquets d’informations sont diffusés à tous les ONT, les trames 802.3 étant sélectionnées en fonction de leur adresse par le récepteur. Dans le sens montant, chaque ONT utilise à l’émission un procédé d’accès multiple à répartition dans le temps (TDMA) de sorte que sont évités les collisions, la fragmentation, et l’accès aléatoire. Les en-têtes de paquets permettent d’identifier l’expéditeur et le destinataire, ainsi que la longueur de paquets utilisée et la référence de temps. Pour conserver la confidentialité, à l’initialisation, l’OLT identifie chaque ONT avant de l’intégrer dans le multiplexage dans le temps et avant de l’autoriser à recevoir des données. En régime établi, un second niveau de protection est mis en place par chiffrement, grâce à une clé produite par l’ONT et transmise à l’OLT. L’allocation de débit se fait de façon statique (par configuration et attribution d’une taille fixe d’intervalle de temps) ou dynamique (à chaque trame ou par groupe de trames et attribution d’IT correspondants). L’industrie réalise des coupleurs de "un" vers 2, 4, 8, 16, 32 ou 64 fibres. La distance est limitée par le budget optique qui lui même est fonction de la distance et du taux de couplage. Pour les résidentiels, le taux de couplage est élevé, alors que les distances sont faibles. Réciproquement, pour les professionnels, le taux de couplage est faible, mais les distances sont élevées. Ce montage est six fois moins coûteux que celui des techniques en paires de cuivre avec équipements actifs dont il faut de plus assurer la maintenance. Les topologies de distribution peuvent utiliser l’arbre, l’étoile et le bus. A titre d’exemple, 6 000 abonnés peuvent recevoir jusqu’à 155 Mbit/s en duplex symétrique par groupe de 32 abonnés éloignés de 23 km du central. IV – Normalisation des PON L’UIT-T a publié successivement les normes du A-PON, du B-PON et du G-PON. L’E-PON, qui résulte des travaux de l’IEEE 802.3, n’est lié qu’au transport en Ethernet. De nouvelles normes sont en préparation sur le thème du NG PON 1 et 2, en TDM/WDM en allocation dynamique.
G.671 – Caractéristiques de transmission des composants optiques passifs G.983.1 – APON et BPON - Couche physique et couche de convergence de transmission. G.983.2 – "ONT Management and Control Interface" (OMCI) – Interfaces de gestion G.983.3 – Amélioration avec le WDM G.983.dba – Allocation dynamique de débit G.983.sur – Prolongation limitée du fonctionnement en cas de panne G.983.re – Portée étendue G.984 -1,2,3 - PON de débit Ethernet en Gigabit G.984-5 – Bande améliorée pour le Gigabit OAN avec filtrage Next Generation Access OLT en WDM G.984.6 : Gigabit-capable passive optical networks (GPON) : Reach extension G.984.7 : Gigabit-capable passive optical networks (GPON) : Long reach - Allocation dynamique. G.985 – Ethernet 100 Mbit/s en point à point optique. G.986 – Ethernet 1 Gbit/s en point à point optique. G.987 (1,2,3) - 10-Gigabit-capable passive optical network (XG-PON) systems. G.988 – Gestion des ONU et des interfaces de commande (OMCI) 4.1 - Le A-PON L’APON est issu des techniques PON associées à l’ATM. Il a ouvert la voie aux liaisons à 155/622 Mbit/s (sens descendant) et à 155 Mbit/s (sens montant) pour 32 abonnés. La solution APON demeure complexe et coûteuse. Elle ne peut pas offrir de services vidéo. Le débit est limité et la récupération d’horloge peut poser des difficultés. 4.2 – Le B-PON (BPON pour Broadband PON) Cette évolution de l’A-PON, due au groupe de travail FSAN (Full Service Access Network) réunissant les industriels et les exploitants de ce domaine, est définie par les normes suivantes : G.983.1 et G.983.2 (avec trois classes de réseau A, B et C) ; G.983.3 pour les réseaux vidéo ; G.983.5 et G.983.6 pour la sécurisation ; G.983.4 et G.984.7 pour l’allocation dynamique. Les services vidéo utilisent le support d’une longueur d’onde dédiée. 4.3 - Le PON Ethernet (ou E-PON) Le PON Ethernet focalise l’intérêt d’une centaine d’industriels au sein de l’Association EFM (Ethernet for the First Mile) et du groupe MEF (Metropolitan Ethernet Forum). L’E-PON utilise un protocole Ethernet avec accès en CSMA/CA, avec couche physique et protocole MAC en exploitation point à multipoint. Deux couches physiques sont proposées pour des débits symétriques à 622 Mbit/s, qui correspondent à des portées de 10 ou de 20 km. Les données sont diffusées depuis l’OLT vers les ONU en paquets de 1 518 octets (IEEE802.3ah à 1,25 Gbit/s). Chacun des ONU ne prend en compte que les paquets qui le concerne. Le trafic montant utilise une répartition dans le temps (AMRT), en synchronisation avec les flux descendants. Le protocole DiffServ et la réservation de ressources permettent le transport de la voix et de la vidéo sur IP en temps réel. Les avantages du PON Ethernet peuvent être résumés ainsi : ![]() ![]() ![]() ![]() Le reproche adressé à l’E-PON concerne surtout l’absence de qualité de service de l’Ethernet. Les collisions éventuelles de l’Ethernet sur le réseau PON ne sont pas reportées au niveau de l’Ethernet. La technologie de l’Ethernet métropolitain suppose la disponibilité de fibres optiques entre sites administratifs ou industriels. Le cercle des utilisateurs d’affaires doit être ensuite élargi aux résidentiels en y adjoignant les connexions nécessaires vers les fournisseurs de services. Le E-PON représente pourtant une base installée importante actuellement (NTT estimé à 30 millions le nombre d’abonnés dans cette technologie en 2010). 4.4 – Le G-PON Le G-PON (ou GigaPON) permet des débits symétriques ou asymétriques jusqu’à 2,5 Gbit/s et la mise en œuvre des services sur FTTH est définie par les normes G.984.1 (caractéristiques générales du G-PON), G.984.2 (couche physique PMD) et G.984.5 (couche de transmission). La Recommandation G.984.5 définit la gamme des longueurs d’onde réservées pour des signaux de services additionnels utilisables en technologie WDM (wavelength-division multiplexing) en G-PON. Le taux de couplage peut atteindre 64 et 128 abonnés et une clé de sécurité à 128 bits est utilisée dans le sens descendant. Deux versions nouvelles ont été créées (NG-PON1 et NG-PON2) pour la distribution de flux à 10 Gbit/s. 4.5 – Le WDM-PON Aujourd’hui, les technologies G-PON et E-PON progressent en débits et évoluent vers le 10G-PON et le 10GE-PON afin de répondre aux exigences du marché. La nouvelle technologie WDM-PON est basée sur les résultats des études menées dans le cadre du projet européen SARDANA (Scalable Advanced Ring Based Passive Dense Access Network Architecture), dont l’objectif consiste à accroître la capacité des réseaux FTTH par la combinaison du WDM-PON et de l’amplification optique à distance. L’acronyme Sardana a la signification suivante : ![]() ![]() ![]() 4.6 – Projet NGA A partir du G-PON, les industriels et les exploitants du FSAN réfléchissent aux évolutions possibles de la distribution en fibre optique, sous le nom de "projet NGA" (Next Generation Access). Le débit et la portée peuvent être augmentés (10G-PON) tout en gardant l’architecture point à multipoint et le même nombre d’abonnés desservis par réseau ou, en acceptant des compromis, en portant le nombre d’éclatements à 1 024. ![]()
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